Grossesse et émotions : témoignages de Nancy

Les émotions pendant la grossesse ne sont pas toujours faciles à comprendre et à accueillir.

Et tu peux vite t’ajouter l’anxiété de ne pas être « normale » suivant ce que tu vis. Il me tient à cœur de faire connaitre la vulnérabilité émotionnelle de la grossesse. Mais les vécus peuvent être très différents suivant les personnes. Et c’est aussi normal.

J’ai donc eu l’idée d’offrir à des personnes ayant vécu une grossesse de témoigner de comment elles se sont senties.

Voici donc le premier témoignage, celui de Nancy qui nous parle de ses deux grossesses aux ressentis différents.

La première grossesse et ses belles émotions

« J’ai toujours désirée être maman alors j’attendais avec impatience le moment où je pourrais arrêter ma pilule (que je prenais depuis 9 ans) pour nous lancer dans les fameux « essais bébés ». Je ne sais pas pourquoi mais j’étais persuadée qu’on allait galérer.

1er cycle : douleurs à la poitrine, légère nausée, 4 jours de retard… et un test négatif qui déclenche les règles. Je fond en larmes, convaincue que j’avais raison.

2e cycle : mêmes symptômes mais cette fois le test est positif en ce 17 décembre 2017 !

Je suis sur un nuage, on l’annonce le jour même à mes parents, nos meilleurs amis et on attend Noël pour la famille plus élargie et tout notre cercle d’amis. Cette joie partagée est grisante !

Je passe un premier trimestre dans un état d’épuisement extrême. Je m’endors partout, tout le temps. Le soir je ne tiens pas plus tard que 21h30 et, moi, la dynamique, je suis frustrée, en colère, triste de cet état qui me semble durer une éternité.

Deuxième trimestre : le printemps, le regain d’énergie, les annonces officielles, mon ventre qui « pop »…je ne suis que joie et allégresse. J’affiche un sourire quasi constant sur mon visage, rien n’est grave, tout glisse sur moi ! Je suis enceinte, j’aime mon corps pour la première fois de ma vie, je me sens si puissante, confiante. Je suis aussi super sereine pour ma grossesse et mon bébé, on apprend que c’est un garçon, on fait de l’haptonomie, on commence à lui acheter des affaires.

Cette énergie et l’enthousiasme qui vont avec iront jusqu’au terme. A 7 mois, on déménage, à 7 mois et demi on est champions du monde et c’est moi qui conduit en klaxonnant (on me dit de ralentir sur les dos d’âne), à 9 mois tout pile on sort en amoureux : bar, cinéma. Le jour de mon accouchement je prévois d’aller acheter des pack d’eau pour faire bouger les choses.

Crédit photo : Paul le Brun

J’accoucherais même avec le sourire : la sage-femme me dira ensuite qu’elle avait adoré venir dans ma salle de naissance car je souriais à chaque fois.

De cette grossesse, je ne retiens que le bonheur et, encore aujourd’hui, je chéris précieusement les souvenirs de ces 9 mois. »

La deuxième grossesse et un vécu émotionnel plus mitigé

« Lorsque je fais un test de grossesse à la demande de mon mari (au premier cycle !) et qu’il est négatif : je suis heureuse ! Ouf ce bébé ne sera pas là tout de suite.

Et puis, alors qu’on discute, mon mari voit la deuxième barre apparaître et je suis choquée, bouche bée, la main devant ma bouche, incapable de parler.

Je ne comprends pas ma réaction : je suis sidérée, paniquée, un peu triste, pourtant nous le voulions ce bébé. Je me sens coupable car j’ai l’impression que nous sommes deux enfants qui ont fauté. 

Je passe un premier trimestre dans le doute : est-ce une bêtise ? Est-ce qu’on a trahi notre premier bébé qui n’a rien demandé à personne ? Est-ce que notre couple va tenir ce deuxième tsunami alors qu’on se remet à peine du premier ? après une première grossesse si parfaite, celle-ci sera forcément problématique, non ?

Nous faisons les annonces sans enthousiasme pour ma part. Et, alors que j’entre doucement dans le deuxième trimestre, que je commence à me réjouir de ce petit bébé qui grandit en moi, le premier confinement est annoncé. Me voilà donc à la maison, à m’occuper non stop de mon fils qui a à peine 18 mois, à gérer le stress d’une pandémie et l’isolement qui va avec. Je ne fais aucune préparation à l’accouchement car soit c’est annulé, soit c’est en visio. 

J’ai alors la culpabilité de ne pas en avoir profité alors que maintenant je n’en ai plus la possibilité… Et finalement ça rend ma grossesse encore plus précieuse. Comme si on essayait de me la voler et que l’idée de la perdre m’était insupportable. 

J’ai alors chéris ma grossesse, j’ai adoré ressortir les tous petits pyjamas de mon premier et je me suis concentrée sur les petites bonheurs ; depuis mon fils qui me demandait si j’allais prendre ma valise dès que j’avais mal au ventre, à mon mari qui répondait à mes envies de femme enceinte.

Et puis j’ai vécu cette grossesse comme la probable dernière car je suis incapable de dire aujourd’hui si l’envie reviendra. Pour le moment, elle a complètement disparu. »

Merci Nancy d’avoir mis des mots et partagé avec nous tes émotions de grossesse.

Si tu es enceinte et souhaites mieux comprendre et mieux vivre tes émotions pendant cette grossesse, tu es la bienvenue dans mon groupe d’exploration émotionnelle prénatale.

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