Ça a pris du temps de faire face à cette vérité : mais il est temps que j’arrête de programmer et de vendre des ateliers.
Il est temps que je laisse cette activité derrière moi.
Depuis plusieurs mois :
- J’ai moins de plaisir à les animer.
- J’ai l’impression par conséquent d’être moins bonne.
- Les vendre me pompe au plus haut point.
- L’idée de rallumer mon ordinateur en soirée me pèse de plus en plus.
J’ai pensé à des adaptations, des changements, en faire des ateliers plus d’écriture, écriture des émotions.
J’ai pensé « j’en fais un de temps en temps quand on me demande », « je reste ouverte surtout pour les accompagnements individuels ».
La seule perspective d’atelier qui m’enthousiasmait vraiment dernièrement, c’est celui en présentiel dont j’ai parlé avec La librairie du chat noir, parce que c’est dans un lieu que j’adore et avec les gens en vrai. Mais au moment d’écrire le descriptif, je me suis mise à douter. Écrire « atelier d’exploration émotionnelle » ne me paraissait plus juste.
Et il y a quelques jours, une espèce de clairvoyance est arrivée : pourquoi continuer à le faire alors ?
Et la réponse avait la teneur de l’habitude et de la peur.
- Je sais faire, je fais suffisamment bien pour continuer.
- Pas envie de décevoir celles qui aiment ces ateliers.
- Peur du changement aussi probablement.
- Peur de regretter et que ça me manque.
- Peur de faire une croix sur l’apport financier que c’est.
- Peur du regard des autres : « tu arrêtes encore un truc ».
- Flemme de revoir tout mon système, refaire mon site internet, archiver ce qui n’aurait alors plus de sens…
Continuer, c’est toujours plus facile que changer.
Pas vraiment des bonnes raisons.
Et c’est pour ça que j’arrête.
L’équilibre financier va se faire avec mon nouveau travail de 15 heures par semaine (je vais travailler dans ce périscolaire génial qui emmène les enfants dehors trois après-midi par semaine)
Tout ce que j’ai appris sur les émotions, les besoins, les compétences pour faciliter des ateliers, les connaissances périnatales, je ne vais pas les balayer, elles vont continuer d’être en moi et de servir autrement.
Et surtout, la Claire d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a cinq ans. C’est le plus beau cadeau de l’aventure.
Et toutes les personnes qui ont bénéficié des ateliers d’exploration émotionnelle ne vont pas perdre ce qu’elles ont gagné.
Il y a actuellement, le projet d’une autre voie en néerlandais avec un sacré potentiel projet à la clé. Mais pour le moment, travailler comme « personnel pédagogique » trois après-midis par semaine, ça répond d’abord au besoin de collectif, d’extérieur et de stabilité. Et ça rentre dans une harmonie qui me laisse l’espace des matins.
Et dès que j’ai commencé à envisager ça, je me suis dit : « je vais pouvoir m’autoriser à plus écrire ».
Alors voilà, pourquoi garder la facilitation d’ateliers d’exploration émotionnelle aujourd’hui quand au fond, sur ces temps, je veux surtout écrire ?
Être écrivaine, c’est mon rêve d’enfant qui n’a pas pris une ride.
Ce rêve-là, il mérite plus que le temps à la marge que je lui ai laissé toute ma vie, même ces dernières années où j’ai assumé de me dire écrivaine.
Et aujourd’hui, j’ai un espace où je peux tenter de déployer ce rêve. J’ai ces matinées et la sécurité par ailleurs d’une stabilité et d’une autre voie complémentaire (qui peut prendre plus de place à l’avenir).
Il y a aujourd’hui un créneau pour ce rêve.
Entre les cours de néerlandais, le bénévolat à l’école de mes enfants, mes enfants qui peuvent tomber malades, le cours de conversation que je donne encore le jeudi matin, mes après-midis avec des enfants (les miens deux fois, d’autres trois fois donc), il me reste disons 15 heures par semaine pour être vraiment écrivaine, c’est pas tant que ça. Or actuellement c’est rêve qui est le plus brillant et le moins usé de ma vie.
Alors, je vais faire ça. Je vais écrire encore plus. Et je vais tenter d’en faire quelque chose de professionnel. Même si je sais que c’est probablement jamais ce qui va me permettre de payer mon prêt immobilier. Mais il y a ce privilège d’aujourd’hui, d’épouser la vulnérabilité et de prendre ce rêve au sérieux. À côté d’autres mais avec une place plus juste.
Il y a encore tout à inventer dans ce tournant pour mon entreprise (j’ai bien fait de l’appeler Claire Schepers, je n’ai même pas besoin de repasser par la chambre de commerce, ce qui rend le passage plus doux, plus fluide, comme une évolution naturelle).
Et donc les ateliers, c’est fini, fini ?
À vrai dire, on ne sait jamais. Mettre ensemble des personnes pour écrire et partager, c’est quelque chose que j’aime toujours profondément, je crois.
Faciliter des espaces, ça fait un peu partie de moi…
Peut-être ça reviendra sous une autre forme, peut-être qu’en présentiel. Peut-être que ce sera plus de l’écriture des émotions et des histoires.
Je sens aussi que j’en ai pas totalement fini avec le concept de la fugue, offrir une bulle ensemble quelque part hors du quotidien…
Bref, aucune porte n’est fermée à clé. Si j’ai appris quelque chose ces dernières années, c’est à quel point, la vie, elle chamboule les certitudes. Alors, les portes, on a le droit de les ouvrir et de les fermer sans forcément jeter les clés.
En t’écrivant ce message, je suis émue mais heureuse aussi. Heureuse de me sentir libre et heureuse des privilèges dont je dispose.
J’ai peur et je me sens courageuse aussi.
Il y a 5 ans, je prenais la décision de partir de l’école que j’avais créée et que je dirigeais ; quelques mois plus tard, je commençais à faciliter des ateliers d’exploration émotionnelle « en attendant de trouver quelque chose d’autre, pour le plaisir ». Ça a été tellement plus que ça. Plus de quatre ans à le faire, à apprendre, à partager, à évoluer, à grandir et à me relier à plein de très belles personnes.
C’était beau et c’était fou et une sacrée expérience de vie. J’ai beaucoup de gratitude pour cette aventure.
Merci à toi qui m’a fait confiance pour t’accompagner à apprivoiser tes émotions.
J’espère continuer quelque part à t’accompagner différemment.
Et j’ai hâte de voir où me mène ce prochain chapitre entrepreneurial.