Ce n’est pas tellement une question que l’on se pose souvent. Des émotions, on en connait depuis toujours. Mais sait-on vraiment ce qui s’y joue ? Finalement qu’est-ce que c’est une émotion ?

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Dans sa définition scientifique, une émotion est une expérience psychophysiologique.
Elle a d’abord une manifestation interne puis génère une réaction extérieure. Une émotion, on la sent dans son corps.
Et même qu’étymologiquement, ça vient du mouvement, du latin ex-movere, en gros « mouvoir hors ». C’est ce qui nous fait bouger !
On ne gère pas ses émotions !
Les émotions, elles sont là, elles nous traversent, elles existent, c’est tout.
Mais si elles appellent à nous faire bouger, si elles s’expriment dans notre corps (chaleur, respiration, tension, pâleur…), elles sont à détacher de notre comportement qui peut découler de ce que l’on ressent.
Je veux commencer par faire avec toi la différence entre ce que l’on ressent ce qu’on en fait. Ce qu’on peut essayer de gérer avec les émotions, c’est les comportements qui peuvent en résulter.
Ce n’est pas la colère en soi qui pose problème mais la violence qui peut en résulter.
Ce m’est pas l’émotion de tristesse qu’il faut essayer d’éradiquer mais potentiellement contrôler de ne pas fondre en larmes dans un environnement où ne se sent pas en sécurité.
Et là, vous vous dites « tu es en train de dire qu’il ne faut pas ne pas essayer d’être en colère ou triste ? » (hum, y aurait-il trop de négation dans cette phrase ???)
Imagine que l’émotion c’est un courant qui te traverse. Essayer de l’empêcher, c’est comme essayer d’arrêter ce courant à mains nus, l’eau ne va pas disparaitre ! Et on s’ajoute la culpabilité de ne pas y arriver quand on est submergé.
On a deux possibilités fructueuses pour gérer le flot :
- Trouver le comportement qui permet de diriger le flot en un comportement acceptable . C’est ce que tu fais quand tu proposes à ton enfant de taper dans un coussin. La question sous-jacente intéressante, c’est : quels sont les comportements acceptables pour nous adultes pour laisser couler le flot tout de même ?
- Comprendre la source du courant. Je vais développer un peu plus ce point.
Pour ça, il faut se demander « mais pourquoi cette émotion me traverse ? »
Toute émotion est légitime car elle porte un message. Je sais que c’est dur à avaler mais il n’y a pas d’émotion négative ! Car nos émotions nous parlent de ce qui vibre en nous.
Les signaux de ton tableau de bord
Une émotion c’est comme un voyant sur le tableau de bord de votre voiture. (Allez, c’est parti pour une nouvelle comparaison, j’aime bien rendre ça imagé !)
C’est là pour nous donner des indications de l’état général du véhicule.
Alors, oui parfois les voyants déconnent. Ils s’allument alors qu’il n’y a pas de vrai danger pour notre véhicule.
Mais ignore systématiquement les voyants ou les déconnecter, ça n’aide pas !
Nos émotions, elles sont là pour signaler que nous avez des besoins satisfaits (émotions agréables) ou non-satisfaits (émotions désagréables).
Quand je parle de besoins, je ne parle pas de besoin de chocolat, je parle de besoins plus grands derrière, comme le besoin de réconfort (d’où vient mon amour du chocolat).
Le truc, c’est que le signal sur notre tableau de bord n’est pas toujours clair ou pertinent… Et qu’il faut mettre les mains dans le cambouis pour pouvoir analyser.
Par exemple, j’ai vraiment progressé dans ma parentalité quand j’ai compris que ma colère avec mes enfants me signalait avant tout mes besoins de sommeil, de repos, de tranquillité et de me nourrir aussi !
Le truc, c’est qu’on n’apprend à nager quand on se noie, on n’apprend pas à analyser les signaux quand ça clignote de partout ! (Il y a vraiment beaucoup d’images dans cet article, tu suis ?)
Le pas en arrière est nécessaire. Comprendre ce qui se passe en nous, ce qui vibre, ce qu’il y a derrière l’émotion, si on veut et peut y répondre, si le signal s’est allumé un peu trop vite, s’il nous parle plutôt du passé que du présent ou s’il est vraiment important à prendre en compte… Ce pas, il nécessite beaucoup de pratique, c’est sûr. Et beaucoup de bienveillance pour soi et ce qui se jour à l’intérieur de soi.
Tout cela commence par légitimer l’émotion, pour l’accueillir, pour pouvoir écouter ce qu’elle peut nous dire et trouver au message ensuite sa juste place dans notre hiérarchie de besoins.
C’est toi qui conduis !
Tes émotions, elles te traversent, elles sont là pour toi.
Tu es responsable de tes émotions
Tu en as la responsabilité.
Tes émotions dépendent exclusivement de toi. Je sais, c’est dur à avaler mais en fait, c’est une bonne nouvelle, je t’explique.
Une preuve que cela ne dépend que de toi : on ne ressent pas tou·te·s la même chose face à la même situation.
C’est aussi pour ça, qu’on ne réagit pas à chaque fois de la même manière devant la même situation (tu sais, le verre d’eau renversée qui te fait rire un jour et te met en colère un autre ?)
Ça dépend de tes besoins assouvis ou non du moment, de ta recherche d’harmonie, de ta manière de percevoir le monde, de tes valeurs, de ton histoire, de tes jugements… Ça t’appartient, tu en as la responsabilité.
Et penser les émotions de cette manière, ça peut être difficile : « si c’est moi qui suis responsable de mes émotions, ça déresponsabilise l’autre ? Tout est de ma faute ? »
Mais il ne s’agit pas ici de tribunal ! Il ne s’agit pas de punir ou récompenser l’autre ou toi-même pour ce que tu ressens. Il s’agit de réaliser ce qui t’appartient… et ce que tu peux en faire.
Tu es responsable de tes émotions, tu n’es pas en situation passive. Tu peux faire quelque chose.
Ok, tu ne peux pas changer comme ça les signaux, éteindre les émotions qui te traversent. En revanche, tu peux jouer sur ce qui se passe après avoir ressenti l’émotion mais aussi sur le futur pour ne pas te retrouver avec le même signal rouge qui s’allume. Tu peux travailler sur le comportement qui en découle mais aussi sur les pensées et les situations qui t’amènent à cette émotion.
Trouver la juste place à tes émotions
En n’ignorant pas tes émotions, tu peux reprendre vraiment le contrôle du véhicule. C’est à dire qu’au lieu d’ignorer les signaux ou les laisser décider pour toi parce qu’ils crient trop fort, tu peux les prendre en considération et les mettre en perspective pour prendre la décision de ce qui est le mieux pour ton harmonie de besoin.
Tu peux dire à la peur : je t’entends, je te prends en considération, tu me parles de mon besoin de sécurité. Je le sais, je l’ai en tête. Mais je suis capable d’évaluer le danger à sa juste valeur. Et le mettre en balance aussi avec mes autres besoins d’aventure, de liberté, de récréation…
Tu peux voir ce qu’il y a vraiment derrière le voyant rouge de la colère sans la laisser t’éblouir et te faire foncer dans le mur…
Alors, bien sûr, tu te dis que je suis mignonne avec toutes mes comparaisons et que si c’était aussi facile que ça… ben, on galérerait pas tou·t·es autant !
Je crois que c’est l’apprentissage de toute une vie de mieux vivre avec ses émotions !
Et je me demande vraiment comment on en est arrivé à méconnaitre leur fonctionnement en pensant que la meilleure solution était de les ignorer.
En opposant rationnel et émotionnel, comme si les deux n’étaient pas liés dans notre cerveau. Et comme si les émotions n’étaient pas là pour nous servir !
Imagine-tu un monde sans joie ? Mais aussi sans peur ? Sans colère ? Sans tristesse ?
Les émotions, c’est ce qui nous rend vivants, ce qui nous fait bouger.
Et la boucle de mon article est bouclé…. On revient à la définition même de ce que sont les émotions…
Cet article a été écrit dans le cadre de mon activité de facilitatrice d’exploration émotionnelle de 2020 à 2024, aujourd’hui, je ne propose plus cet accompagnement mais je suis heureuse si mes articles peuvent toujours servir…