Laura Ferret-Rincon, je l’ai découverte sur Instagram. Elle est écrivaine et j’aime qu’elle partage ses chemins de créativité, ses connaissances du monde de l’écriture et de l’édition mais aussi de ses émotions.
C’est pourquoi je lui ai proposé de répondre à mon interview « les mots de… » où on parle d’écriture et d’exploration émotionnelle.
Je trouve ses réponses passionnantes, je vous laisse les découvrir :
Bonjour, Claire, je te remercie d’avoir pensé à moi pour cette interview, je me réjouis d’y répondre !
Qui es-tu ?
Je suis Laura Ferret-Rincon, j’ai 27 ans, et je suis autrice.
Crédit photo : Laura Ferret-Ricon
J’ai suivi un master de création littéraire et d’édition, avant de me consacrer pleinement à ma passion pour l’écriture. Il y a de cela un mois maintenant, j’ai lancé ma prestation d’accompagnement à l’édition pour aider les jeunes auteurs à soumettre leurs manuscrits aux éditeurs. Une entreprise qui est un peu à la croisée de tout ce qui me touche, l’écriture, l’entraide, et le partage.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours écrit. Enfant, j’ai trouvé dans les mots un exutoire pour échapper à un quotidien scolaire difficile, puis, surmonter un certain nombre de deuils qui ont laissé en moi des marques profondes. Mon handicap a joué un rôle certain dans ma découverte de cette passion. Pendant que les autres s’amusaient dans la cour de récré, j’écrivais des petites histoires sur mon cahier de brouillon.
Comment ressens-tu ce qui vit en toi ?
Je crois que je suis enfin parvenue à faire la paix avec ce que je ressens, ce qui n’a pas toujours été simple.
De par ma grande sensibilité et mon émotivité naturelle, j’ai toujours vécu et ressenti les choses de façon très intense. Le handicap m’a donné un autre regard sur le monde. Des choses qui pour les autres étaient banales, revêtaient pour moi une importance particulière. Très vite, j’ai appris à savourer chaque instant, chaque petite victoire du quotidien.
Être née en fauteuil roulant dans une société encore très validiste m’a également encombré de pas mal de bagages émotionnels. Comme l’idée que je valais moins que les autres, qu’il y avait quelque chose à compenser, que je devrais toujours en faire plus pour effacer ma différence. Je m’applique chaque jour à déconstruire ce présupposé, et à lutter contre le sérieux manque de confiance et le syndrome de l’imposteur qui l’accompagne.
Désormais, j’accepte mes émotions. Je les analyse et je me les approprie pour nourrir ma création. C’est un peu le privilège de pratiquer une activité artistique.
Comment l’écrit a une place dans ton exploration émotionnelle ?
L’écriture a eu cela de bénéfique qu’elle m’a permis d’accepter ma grande sensibilité pour la mettre au service de mes textes.
Plus jeune, j’étais cette enfant qui pleurait pour tout, qu’une parole, un geste, pouvait érafler, et qui absorbait toutes les émotions qui l’entouraient comme une éponge. Avec l’âge, j’ai tenté d’étouffer cette sensibilité, que l’on me faisait percevoir comme une faiblesse. Trop sensible. Trop émotive. Trop à fleur de peau. Évidemment, je n’y suis pas parvenue. J’ai continué d’aimer, de vivre, de ressentir fort. Et un jour, j’ai simplement décidé d’arrêter de lutter contre pour faire avec.
Cette sensibilité se ressent dans mes textes. C’est un peu ma marque de fabrique. Là où d’autres élaborent des intrigues complexes, des univers foisonnants, je laisse la part belle aux personnages, à leur intériorité, et leurs affects, à la recherche du vrai. D’ailleurs, cela se ressent même dans mes post Instagram, où je compare très souvent créativité et sentiment amoureux.
J’ai un rapport assez intime et viscéral à l’écriture, et aujourd’hui, je n’imagine plus ma vie sans elle. Les mots font parties de mon identité, et quand je n’écris pas, je me sens dépossédée d’une partie de moi. Il me manque quelque chose.
Cela peut paraître extrême, mais pourtant, je ne me sens jamais aussi vivante, à ma place, que lorsque j’écris. Lorsque mes doigts frappent sur le clavier, que la réalité s’efface au profil de mon histoire, je suis saisie par un sentiment de plénitude et d’évidence. Ce qui ne m’empêche pas bien sûr de m’arracher les cheveux sur certain passage, de me remettre en question en tant qu’autrice, et de traverser des passages à vide.
Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir une vie amoureuse, professionnelle et personnelle stable et épanouissante. L’écriture a donc perdu de sa dimension cathartique, mais n’en reste pas moins vitale pour moi.
Je n’écris plus pour trouver un exutoire, mais bien pour faire ressentir. Ce qui m’intéresse, c’est l’émotion. Elle est toujours au cœur de mes romans. Et, naturellement, je me nourris beaucoup de ce qui me traverse, en particulier lorsqu’il est question d’amour ou de deuil. Et ce même si mes écrits restent toujours du domaine de la fiction.
Merci Laura de ce partage…
Tu peux retrouver Laura Ferret-Rincon sur son site Internet, son compte Instagram ou sa chaine Youtube sur le monde de l’édition.
Et si tu veux découvrir le pouvoir de l’écriture pour accueillir et vivre tes émotions, découvre mes ateliers d’exploration émotionnelle.