Les mots d’Amélie Charcosset

Amélie Charcosset fait partie de mon village virtuel depuis 2010 où c’était le temps des blogs qu’on découvrait par les autres blogs qu’on aimait. Je n’ai jamais cessé de la lire et nos chemins se sont beaucoup croisés (voyages, écriture, Français Langue Étrangère…).

Le concept que je partage avec vous d’exploration émotionnelle lui doit aussi un peu, puisque c’est dans un de ses ateliers d’écriture que l’embryon de l’idée m’est venu !

Pour ça, je suis tellement contente qu’elle vienne partager ses mots par ici. Mais aussi et avant tout parce que la lire est passionnant et que je suis heureuse de te donner cette possibilité.

Voici ce qu’elle dit de son rapport aux émotions et à l’écriture :

Qui es-tu ?


Il y a quelques années, j’habitais en coloc avec un petit garçon de 5 ans qui m’avait décrite à
ses copains comme « cool, sympa et qui mange des légumes. » Mon amoureux dit que ça
colle assez bien… mais pour être un peu plus concrète et exhaustive : je m’appelle Amélie,
j’habite à Lausanne depuis trois ans et demi après avoir habité dans quelques autres pays
(de la Belgique au Kirghizstan en passant par l’Irlande et la Slovénie, merci à mes études et
premiers boulots de prof de FLE, français comme langue étrangère). Aujourd’hui, je fais
encore un peu de FLE et surtout de l’accompagnement aux mots et aux histoires en soi, via
des ateliers d’écriture, des formations, et des séances individuelles pour projets créatifs. Je
suis aussi autrice et je viens de sortir mon premier roman (youhou !).

Crédit photo : Nirine Arnold

Quand je n’écris pas ni ne fais écrire les autres, je passe beaucoup de temps à inventer des
comptines sur tout ce qui se passe autour, faire des blagues, du stop ou du vélo, bouquiner
des histoires tristes, regarder le lac, et manger du chocolat (et des légumes, donc).

Comment ressens-tu ce qui vit en toi ?

Je vis en général les choses avec beaucoup d’intensité.

Ado, j’ai été très triste, et je mettais beaucoup de jugement sur le fait de l’être. J’essayais de me l’interdire. Je me souviens que plusieurs années de suite, à la date de mon anniversaire, je me disais « à partir de maintenant, tu ne vas plus jamais pleurer », et donc euh, évidemment, ça ne marchait pas du tout.

J’avais une croyance (je ne peux pas dire qu’elle ait complètement disparu mais elle s’est grandement atténuée) sur le fait que si on est triste à un moment, l’étape d’après, c’est d’être en dépression toute sa vie et de ne jamais en sortir. Comme ça me terrorisait, je forçais pour ne pas être dans la négativité, et j’étais donc la joyeuse boute-en-train optimiste, avec des côtés très noirs que je cachais beaucoup.

J’ai beaucoup plus de bienveillance aujourd’hui sur ce qui vit en moi, je prends ça aussi avec beaucoup plus de légèreté, je ne cherche plus à expliquer mes émotions ou à leur donner une raison, juste à voir ce qu’elles ont à me dire. Je pleure très facilement et je ne me l’empêche pas car ça a un
effet très cathartique pour moi. En bref, j’ai une vision beaucoup moins manichéenne et
binaire des émotions (j’ai vieilli, quoi ;)).

Comment l’écrit a une place dans ton exploration émotionnelle ?

Je n’ai jamais tenu de journal intime de manière régulière, j’ai par contre beaucoup rempli de carnets de notes en vrac, et j’écris sur des blogs depuis que j’ai 16 ans. En l’écrivant, je me dis que ça y est, j’ai passé plus d’années à bloguer que d’années à ne pas le faire, c’est fou quand même !!

Depuis quelques années, ma pratique s’est un peu transformée, et je passe plus par une newsletter deux fois par mois et des contenus sur les réseaux que par le blog, même si ça reste un espace que j’aime investir deux ou trois fois par an.

L’écrit me donne un espace pour décortiquer mes pensées, et quand ça tourne trop vite dans ma tête, c’est un vrai moyen de faire une pause et de soulager le trop-plein.

Parfois, c’est vraiment tout bête et extrêmement rapide. Au début de chaque atelier, je fais un exercice d’échauffement et d’association d’idées : je donne un premier mot, que les gens écrivent, et ils doivent ensuite écrire le premier mot qui leur passe par la tête suite à ça, puis l’autre premier mot qui leur passe par la tête par rapport au mot qu’ils viennent d’écrire, etc. pendant une minute trente. Il y a deux règles : ne pas écouter la voix qui potentiellement juge le mot qui nous vient et écrire ce mot-là malgré tout (même s’il paraît inadéquat, pas assez intelligent ou sans lien avec le précédent), et ne pas s’arrêter d’écrire, quitte à écrire plusieurs fois le même mot d’affilée si on n’a pas d’idée. Eh bien, quand je relis pour moi cette liste écrite en 90 secondes, j’y trouve toujours des choses à en tirer sur mon état du moment, mon « comment ça va juste maintenant ? ». Ça met parfois en valeur des signes pas écoutés les jours précédents, et au-delà de la valeur d’échauffement et de
mise en jambes de l’atelier, je trouve l’exercice puissant.

Ces jours-ci, je suis plongée dans le dernier roman de Laurent Mauvignier, Histoires de la nuit, et j’adore son écriture depuis que j’ai découvert ses livres ado, je me suis toujours dit que « j’aimerais écrire comme lui. » Là, en le lisant et en te répondant en même temps, je me rends compte que ce qui me touche énormément chez lui, c’est sa capacité à parler des émotions, et de l’exploration des émotions. Je pense à une scène où un personnage rit, et l’auteur va chercher derrière ce rire tout ce qui l’amène à rire à ce moment précis, et de quoi ce rire est-il le rire (un rire pour cacher l’angoisse, pour faire taire la peur, pour décompresser…).

Dans mon roman, c’est aussi ces nuances-là que j’ai essayé d’aller chercher, parce que dans le fond, c’est ça qui me fascine : comment l’humain fonctionne et qu’est-ce qu’éprouver telle ou telle chose dit de nous. J’ai l’impression que si l’écriture a une grande place dans mon exploration émotionnelle, la lecture n’est pas en reste. Et c’est tant mieux !


Merci Claire pour l’invitation ! »

Merci Amélie de ce partage.

Si tu veux découvrir l’univers d’Amélie Charcosset, voici où tu peux la retrouver :

Son programme L’étincelle, 21 jours d’écriture en autonomie : https://www.ameliecharcosset.com/letincelle/
La newsletter poétique et créative : https://www.ameliecharcosset.com/newsletter/
Son roman : https://www.ameliecharcosset.com/jenesuispasneecematin/
Sur FB : https://www.facebook.com/amelie.charcosset

Et si tu veux découvrir le pouvoir de l’écriture pour accueillir et vivre tes émotions, découvre mes ateliers d’exploration émotionnelle, pas besoin de « savoir écrire » pour que cela t’aide toi aussi.

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