Préparation à un accouchement physiologique ?

On m’a demandé beaucoup récemment « comment on se prépare à un accouchement physiologique ? »

L’idée de me poser la question peut venir du fait que j’ai eu deux accouchements que j’ai adorés et qui m’ont donné un sentiment de puissance où je vais souvent piocher.

Aussi on me le demande dans le cadre du groupe prénatal. Sachant que je me suis formée à l’accompagnement non médical de la périnatalité (notamment via la formation de Paramanadoula de Michel Odent et Liliana Lammers).

Donc j’ai eu envie d’écrire sur le sujet pour pouvoir synthétiser ma réponse à cette question.

Je vais partager ici ce que je sais, ce que je crois sur la naissance. Je le dois à ce que j’ai lu, entendu, échangé et vécu. Mais je ne prétends pas détenir la vérité, juste partager ce qui pour moi apparait aidant. Si ça ne l’est pas pour toi, ne te charge pas de ça.

Crédit photo : jbrown777 (libre de droits)

Et n’hésite pas à parler de tout ça avec ta sage-femme, ton gynécologue et ta maternité si tu en ressens le besoin.

Si tu souhaites par ailleurs des pistes par rapport à un accouchement à domicile, n’hésite pas à m’écrire, j’ai un dossier de ressources.

Mais c’est quoi un accouchement physiologique ?

On entend de plus en plus parler « d’accouchement naturel », « physiologique », « non médicalisé », d’accouchement sans péridurale, de salle nature…

Et je regrette un peu qu’on en arrive à une vision de liste à cocher pour en quelque sorte « réussir ».

J’ai beaucoup aimé que Michel Odent précise qu’il faudrait plutôt s’intéresser à ce qu’est la physiologie de la naissance.

C’est quoi la physiologie ?

C’est s’intéresser au fonctionnement de notre corps dans un processus qu’il est programmé de base pour faire, qu’il sait faire naturellement.

Notre corps sait digérer, respirer, il sait aussi enfanter.

Cela ne veut pas dire que le processus se passe toujours bien, comme pour la digestion, la respiration, il peut y avoir des pathologies qui empêchent ce processus.

Mais à l’heure où on médicalise et présente de base l’accouchement comme quelque chose de difficile et risqué, il est fondamental de remettre cette vérité au centre : accoucher est un processus physiologique involontaire et naturel.

Ton corps sait accoucher.

Mais alors, pourquoi doit-on s’y préparer ?

Ce processus physiologique involontaire se met en place grâce à la sécrétion d’une hormone, l’hormone de l’amour l’ocytocine. Or cette hormone est une hormone timide, le fait de sécréter cette hormone est ultra dépendante de l’environnement et il faut se sentir bien (pas en danger).

Or, il y a deux facteurs ici qui jouent contre nous pour ça.

  1. L’image qu’on nous a donné de l’accouchement par la culture (film, récit, livres et histoires sordides) est quelque chose de difficile, dangereux, très douloureux. Clairement, on ne part pas avec une bonne base pour sécréter l’ocytocine.
  2. Ce processus physiologique est involontaire et il demande de débrancher le néo-cortex, la partie de notre cerveau qui réfléchit, analyse, pense… Ce qui est compliqué à notre époque où on passe notre temps à recevoir et traiter des informations. On est souvent victime dans les accouchements d’inhibition corticale, c’est à dire ne pas arriver à lacher prise pour laisser le processus se faire… Et tout ce qu’on peut savoir sur les possibilités de complications ainsi que les protocoles pour « éviter les complications » peut avoir un effet vraiment négatif.

C’est pour ça qu’il peut être intéressant de se préparer à l’accouchement. Pour remplacer les images négatives et effrayantes qu’on peut avoir qui peuvent nous empêcher d’être en bonne condition pour accoucher sans difficultés. Mais aussi pour accepter de se laisser aller au processus : une personne qui accouche peut avoir des comportements considérés comme inacceptables pour une personne civilisée : crier, jurer, s’isoler, prendre des positions vues comme animales (à 4 pattes, accroupie…).

En fait, se préparer à l’accouchement en ayant en tête la physiologie, c’est déconstruire ce qui peut entraver. Et finalement savoir pour être capable de tout oublier, de se laisser aller. Et penser à ce qui peut aider à sécréter l’ocytocine.

Comprendre ce qui se passe pendant un accouchement

C’est un des points clés de la préparation à la naissance et la parentalité que tu peux faire en France auprès d’une sage-femme. Ce sont 8 rendez-vous (dont l’entretien prénatal précoce) qui sont remboursés par l’assurance maladie.

Savoir ce qui se passe dans ton corps, ce qui se peut se passer au niveau des ressentis pour ne pas être surpris-e le jour J.

Pour ma part, j’ai accouché aux Pays-Bas où si on en discute avec la sage-femme, il n’y a pas de préparation formelle. Et comme je souhaitais vraiment comprendre ce qu’était l’accouchement et j’avais besoin de me préparer en français, j’ai choisi la préparation à la naissance en ligne de quantik mama, qui donne bien conscience et confiance sur ce qui va se passer.

Trouver ce qui te fait te sentir en confiance et en intimité

Qu’est-ce qui va t’aider à te sentir dans ta bulle ? À te rassurer pour lâcher prise ?

Ça peut être des phrases que tu t’es répété ou que tu affiches et qui te font te sentir bien : « Chaque vague me rapproche de mon bébé », « j’ai tout ce qu’il faut en moi pour mettre au monde mon enfant », « j’ai confiance en mon bébé, j’ai confiance en mon corps »…

Ça peut être une odeur ou quelque chose à toucher qui est associé à chez soi, son intimité ou quelque chose qu’on aime.

Ça peut être une musique, une présence rassurante… Ça peut être de connaitre le lieu, d’amener sa lampe de chevet…

Creuser la notion d’intime pour pouvoir avoir avec soi des outils pour créer une condition à la bulle de confiance.

(C’est d’ailleurs un thème que l’on explore par l’écrit et le partage dans mon groupe prénatal.)

Sortir de l’idée d’une liste à cocher

Bien sûr qu’il y a des conditions qui sont propices au processus physiologiques : la pénombre, une odeur réconfortante, être dans l’eau pour beaucoup, ne pas se sentir observée, pouvoir bouger, être dans un environnement connu avec des personnes en qui on a confiance et qui n’ont pas l’air anxieux…

Mais on n’a pas forcément besoin de répondre à toutes les conditions pour vivre le processus de manière physiologique.

De même, ce n’est pas forcément les conditions idéales qui font le ressenti au final. Ce qui peut paraitre un détail sur le papier peut perturber notre processus car on ne se sent pas bien (et donc l’ocytocine n’est pas sécrétée correctement et le processus est perturbé).

Enfin, vouloir protéger la physiologique de l’accouchement, c’est différent de vouloir refuser absolument toute intervention.
Parfois pour une raison ou une autre, ça bloque et c’est l’intervention extérieure (pose d’une péridurale, rupture de la poche des eaux, proposition d’une position…) qui va permettre de relancer le processus.

Par exemple, on parle souvent de la péridurale comme ralentissant le travail. Mais j’ai aussi eu des témoignages de personnes pour qui le fait de diminuer l’intensité de ce qui est perçue comme une douleur insupportable à ce moment va permettre de finalement se détendre et donc au bébé de descendre…

La question a se poser c’est de savoir pourquoi avant on souhaite ceci ou cela. Qu’est-ce qu’il y a derrière ? Quelles informations on a besoin pour finalement être sûre et en paix avec ce qu’on décide et ce qui peut se passer ? Être capable de prendre une décision en fonction des bénéfices et risques.

J’ai pris l’exemple de la péridurale non pour vous dire « gardez-vous la solution au cas où » – je serais mal placée sachant qu’il a été clair dès mon premier accouchement que c’était hors de question d’y avoir recours pour moi ; et que pour le deuxième c’était encore plus tranché. Et si je devais accoucher une troisième fois, clairement, je voudrais un accouchement à domicile avec un nombre d’interventions extérieures ultra limitées.

Mais pour autant, ça me fatigue qu’on oppose des accouchements médicalisés versus physiologiques avec des cases à cocher ou non, comme s’il y avait des paliers de réussite. Comme si on avait pas assez de questionnements d’arriver à être une bonne mère… Il faudrait réussir son accouchement en plus !

Ce qui est important de savoir, c’est qu’on a mis en protocoles (au motif de protéger, de prévenir mais aussi pour des raisons financières) qui au final peuvent empêcher la physiologie, le processus de se faire comme il est programmé. Essayer de réfléchir à comment respecter la physiologie de l’accouchement, c’est se donner l’opportunité de vivre une belle expérience.

Pour l’avoir vécu, je sais à quel point un accouchement où on se sent bien, où on s’en que le processus se fait, qu’on met simplement cet enfant au monde, c’est sans doute l’expérience la plus belle, la plus empouvoirante (oui, je fais mes néologismes sur le thème de l’empowerment) que j’ai pu vivre.

Donc oui pour parler de la physiologie des naissances, de l’hormone timide qui a besoin qu’on se sente en confiance et qu’on déconnecte le néo-cortex. Oui, pour passer le mot sur les conditions les plus propices et pour déconstruire l’image sociétale de l’accouchement. Oui, pour raconter, montrer partout qu’un accouchement ça peut être bien, bien vécu, et avoir envie de le refaire demain (ça, c’est moi !). Et oui pour qu’on arrêter de diaboliser les accouchement à domicile et sanctifier les protocoles médicales.

Mais non, ce n’est pas une compétition pour savoir si on a réussi à avoir un accouchement naturel… Il n’y a pas de médaille à gagner…

L’idée pour toi qui vas avoir un bébé dans cet article c’est de te donner des cartes pour mettre toutes les chances de ton côté pour que tu puisses le vivre au mieux. Le jour J, il se passera ce qui se passera.

Et je veux croire avec toi que ça puisse être beau, bien vécu, quelques que soient les conditions extérieures !

(Et d’ailleurs, j’ai aussi tout un dossier de ressources pour les personnes qui ont une césarienne programmée ou qui souhaitent être préparées à une césarienne au cas où. Ce sont des ressources pour la vivre au mieux. Si ça t’intéresse, tu peux me contacter)

Te nourrir de récits, d’images positives d’accouchements

Généralement, on entend et voit surtout des images d’accouchements qui se passent mal. Et puis on même dans les livres, les films on voit toujours des conditions qui ne sont pas celles idéales pour le processus physiologique.

C’est donc intéressant de remplacer ces images ancrées par d’autres.

Voici une sélection de récits / vidéos / images de belles naissances.

J’ai fait le choix de montrer beaucoup d’accouchement vraiment éloignés de ce qui se fait en général en maternité car ça permet vraiment de réaliser que d’autres conditions sont possibles mais tu trouveras aussi des accouchements à l’hôpital pour montrer que cela peut très bien se passait et être bien vécu.

Et l’exploration émotionnelle dans tout ça ?

Tu ne le sais peut-être pas, mais ma spécialité à moi, ce sont les émotions et ce que je propose, c’est l’exploration émotionnelle. Alors, qu’est-ce que vient faire la physiologie de l’accouchement là-dedans ?

Je pense que comprendre ce qui nous traverse, accueillir tout ce qui vient est une compétence qui aide à une belle naissance où on débranche le néo-cortex.

Mais surtout faire de l’exploration émotionnelle prénatal, ça permet de travailler avant sur ce qu’on ressent et notamment les peurs, les angoisses et les questionnements qui une fois explorés, compris et traités avant la naissance peuvent nous laisser de la place le jour J pour vivre un bel accouchement.

Du coup, si tu souhaites parler de tout cela, n’hésite pas à rejoindre mon groupe d’exploration émotionnelle prénatale. C’est tous les vendredis midis, tu peux venir sans engagement, c’est en ligne et à prix libre et conscient. Plus d’information par ici.

Si tu as des questions, des remarques, n’hésite pas à me laisser un commentaire.

Et surtout, prends soin de toi, c’est le plus important <3

1 commentaire

  1. Je fais partie de ces femmes qui ont décidé d’accoucher en se disant qu’elle verrait au cours de l’accouchement comment ca se passerait et qu’elles décideraient au fur et à mesure de leur cheminement.
    Typiquement pour moi, après un déclenchement très bien vécu, la péridurale a été nécessaire pour m’apaiser et permettre à mon bébé de nous rejoindre (dilatation de 2 cm en 36h puis de 6 cm en 2h après la pause de la péridurale). Je suis en accord avec mes choix, je ne regrette ni la péri, ni le début de l’accouchement où j’ai essayé de gérer ma douleur sans. J’ai fait au mieux et je considère toujours que mon corps est capable d’accoucher !

    A quelques semaines de mon deuxième accouchement, je me dis pareil. Je pense que je redemanderai la péri (et un peu plus tôt) mais je vais attendre de voir ce qui se passe et de voir comment mon corps, mon mental et mon mari réagissent.

    Merci de partager toutes ces ressources avec nous. Etre informée me parait primordial pour bien vivre son accouchement !
    Personnellement, j’aime être préparée à toutes les opportunités donc je lis à la fois sur les accouchements qui se déroulent bien et ceux qui se déroulent moins bien. Je sais bien que mon accouchement à beaucoup plus de chances de bien se passer que de mal tourner mais j’aime savoir ce qui peut arriver et c’est souvent ce qui nous manque lors de la préparation à l’accouchement.
    Idem pour les suites de couches qui sont très peu décrites. Ca m’a fait du bien de pouvoir lire/écouter différents récits (entres autres avec Bliss et la Matrescence) pour me préparer et reconnaître les petits et gros problèmes qui pouvaient m’attendre.

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