Comment affronter la peur ?

On pense souvent que ce qui définit le courage, c’est de ne pas avoir peur. Ou de laisser sa peur derrière soi. J’ai envie de te proposer un autre regard : le courage, c’est de remettre la peur à sa bonne place. Et affronter la peur, ce n’est pas forcément ce que l’on croit.

C’est quoi la peur ?

La peur est une émotion désagréable pour te faire réagir.

C’est un signal d’alarme sur ton tableau de bord qui te dit « attention, danger ! » et qui peut être très puissant, pour t’amener à partir en courant ou te figer.

Et sérieusement, la peur peut te sauver la vie ! (Avoir une ressource insoupçonnée d’énergie pour te sauver en courant ou avoir le réflexe de te cacher, c’est parfois une très très bonne chose)

Le signal d’alarme est intéressant. Tu imagines comment on peut vivre sans avoir conscience du danger ?

Photo libre de droits : Sasint

Comme tout émotion désagréable, la peur nous parle d’un besoin non-satisfait, généralement celui fondamental de la sécurité.

Mais le truc, c’est que ce qui se passe n’est pas toujours pertinent avec la situation :

  • les voyants peuvent se mettre à clignoter un peu trop vite : le danger n’était pas si grand… et surtout, faire réagir de manière contre-productif par rapport à nos besoins généraux. La peur qui paralyse, empêche de penser, celle qui amène à faire des choix qui te desservent en général.
  • Les voyants peuvent se mettre à clignoter de partout de manière très rapide pour un danger qui n’est pas vraiment réel dans le présent. Notamment quand on a fait face à des situations traumatiques : notre cerveau n’a pas vraiment pu comprendre et traiter la situation passée. Donc il met en place une politique de survie où la peur sera là pour éviter à tout pris de nous retrouver à nouveau dans une situation qui aurait des similitudes.

Alors, on en fait quoi de la peur ? Comment on l’affronte ?

On l’écoute ou on l’ignore ?

Je n’aime pas beaucoup les « il faut » dans la vie et je crois qu’ici c’est justement la nuance et la capacité à se comprendre qui peut donner la réponse.

Ce que je crois, c’est que ignorer totalement ses émotions, faire comme si elles n’existaient pas, est généralement contre-productif. Le signal va devenir potentiellement de plus en plus fort et/ou on peut ressentir un mal-être général qu’on n’est pas capable de comprendre… Une anxiété en fond sur laquelle on n’arrive pas à mettre le doigt.

Ce que je te propose c’est de changer de regard sur la peur pour pouvoir l’accueillir, faire un pas en arrière, la comprendre et la remettre à sa bonne place.

Première étape : accueillir

On a tendance à mettre beaucoup d’énergie à essayer de ne pas ressentir les émotions qui nous traversent. À faire comme si elles n’étaient pas là.

Or, en ne les acceptant pas, on passe à côté de ce qu’elle pourrait nous apprendre ET ça nous coute beaucoup d’énergie qu’on pourrait utiliser autrement.

Quand on essaie d’accueillir, ce n’est pas facile, ça nous rend vulnérable…

Mais c’est quoi accueillir ?

Accueillir c’est réaliser pleinement qu’une émotion nous traverse.

Attention, il s’agit de ressentir l’émotion, pas de suivre forcément la pulsion de comportement qui vient avec. La peur n’est pas toujours bonne conseillère quand à ce qu’il est bon pour toi de faire.

Mais c’est prendre conscient de ce que l’on ressent. Au niveau corporel pour la peur, ça peut être : un rythme cardiaque qui s’accélère, un estomac noué, une sensation de froid, de pâleur, des poils qui se dressent, un tremblement, une tension dans les muscles, un sentiment d’agitation ou de paralysie…

Accueillir c’est se dire « là, j’ai peur ». Se notifier le signal.

Mettre des mots dessus, ce n’est pas facile et c’est pour ça que je crois très fort dans l’exploration émotionnelle à la puissance de l’écrit.

Et puis, dans la grande famille de la peur, il peut y avoir plein de nuances intéressantes à capter : est-ce de la panique ? Du stress ? De l’angoisse ? De l’inquiétude ? De l’affolement ? De la timidité ? De la fébrilité ? De la gène ? Du désarroi ? De la méfiance ? De l’embarras ? Du trac ? De l’insécurité ? De la détresse ?

Chercher le bon mot à mettre dessus, c’est déjà faire un pas en arrière qui donne une bouffée d’oxygène et une clarté pour la prochaine étape : comprendre.

Deuxième étape : comprendre

Après, on peut se demander : ok, de quoi ai-je peur ?

Pourquoi cette peur ? De quel(s) besoin(s) te parle-t-elle ?

Il s’agit souvent du domaine du besoin de sécurité : stabilité, préservation, sécurité émotionnelle, financière, protection, paix…

Quels sont les vrais risques qui fait que c’est bon d’écouter cette peur ? Quels bénéfices à y aller malgré la peur ?

Pourquoi j’ai tellement peur ? À quoi ça me ramène ?

Alors, attention, on n’apprend pas à nager quand on se noie.

Si tu es intensément pris·e par la peur, si tu es au milieu d’une tempête émotionnelle, si les voyants sur ton tableau de bord clignotent de partout, il est très difficile voir impossible de faire ce pas en arrière pour comprendre comme cela.

Mais il est possible d’avoir cette démarche après-coup, après la tempête pour voir si on peut en faire quelque chose.

Dans tous les cas, je voudrais te rappeler d’être le plus bienveillant possible avec toi-même, tu fais au mieux avec les cartes de l’instant.

Troisième étape : remettre la peur à sa place

Ce n’est pas la peur qui conduit ton véhicule !

Cette image, je la dois à Elizabeth Gilbert qui a beaucoup parlé et écrit sur la peur dans les processus créatifs.

Elle parle de la peur comme passagère de notre mini-bus. Elle dit qu’on ne va pas créer sans peur, il ne s’agit pas de laisser la peur derrière soi quand on part dans un voyage créatif – mais je trouve que ça s’applique à la vie en générale.

Elle propose carrément de parler à sa peur : « ta sœur créativité et moi-même partons en voyage. Et tu es invitée. On a ce mini-bus, tu y as ta place à l’arrière, tu peux venir. Tu es bienvenue et chacun dans ce voyage va faire ce qu’il a à faire (…) Ton job à toi, c’est d’être assise à l’arrière et de crier à chaque virage. Tu es géniale à ce job et tu as l’occasion de le faire. Mais tu ne conduis pas. Tu ne tiens pas la carte et tu ne prends pas la décision de où nous allons. »

Dans mon histoire de signal sur ton tableau de bord ou dans celle de passagère de Elizabeth Gilbert, il y a l’idée que ce n’est pas la peur qui prend le contrôle du véhicule.

Oui, écoutons le signal pour voir ce qu’il a à nous dire. Oui, la passagère qui crie à l’arrière de la voiture peut nous signaler un danger intéressant à prendre en compte.

Mais la peur est un passager de ton mini-bus, un signal parmi d’autres (ça va, tu suis la double métaphore parallèle ?), il y a d’autres signaux, d’autres passagers et ton rôle à toi, c’est que la conduite du bus prenne en compte tout ce qui se joue dans le mini-bus pour t’offrir la plus belle harmonie, le chemin qui est le meilleur pour toi.

Mais clairement, si tu veux te lancer dans quelque chose, tu n’as pas à ne pas avoir peur.

Tu n’as même pas besoin d’être plus fort·e que ta peur. Tu as besoin de l’affronter, oui. Mais pas comme un combat de boxe comme on l’entend généralement. Tu peux affronter ta peur avec bienveillance et compréhension.

Accueillir, comprendre et remettre à sa place. Parfois, elle t’aidera à prioriser un besoin de sécurité et c’est ok aussi. On a tendance à minimiser ce besoin.

Ce qui est important, c’est de sentir que la décision que tu prends, c’est pour ton harmonie générale, et non en n’écoutant que la peur ou en l’ignorant totalement.

Si tu as besoins d’explorer tes émotions et tes besoins autour d’un rêve ou d’un projet, mon programme « Se lancer ? » est fait pour toi.

Laisser un commentaire