Apologie de la bienveillance

Cet article a été publié pour la première fois en août 2015. Bien avant d’offrir l’exploration émotionnelle, j’écrivais des chroniques sur un blog pensé comme un magazine. J’ai décidé de republier ces chroniques sur ce site car elles sont précieuses pour moi et elles peuvent aider d’autres personnes. Et puis, il y a dans ces écrits-là déjà le partage de mon cheminement autour des émotions.

En mai 2015, je faisais l’apologie de la bienveillance, 8 ans plus tard, ça vibre encore très fort en moi et ça explique bien ma posture aujourd’hui quand je t’accompagne autour des émotions.

Ceci va peut-être te paraitre un article sponsorisé par les bisounours…

Mais, je te rassure, je ne glisse pas sur des arcs-en-ciel.
Et dans mon monde aussi, il y a des c*** qui semblent vouloir me pourrir la vie (on parle du mec dans mon immeuble qui vient se plaindre parce qu’on a parlé dans les escaliers en rentrant de soirée pour le nouvel an ? – jour où, par chez nous, il y a des pétards et des feux d’artifice non stop toute la nuit alors bon, je ne comprends pas…).

Mais je crois tout de même qu’on gagnerait à avoir plus, chacun, une disposition bienveillante.

Qu’est-ce que la bienveillance ?

La bienveillance ça vient des mots latins « bien » et d’un dérivé du verbe « vouloir ». Être bienveillant, veut donc dire qu’on veut le bien.
On peut parler d’une disposition généreuse, et ce, à l’égard de l’humanité entière.

Être bienveillant, pour moi, c’est donc déjà partir du principe que la personne que tu rencontres n’est pas de facto ton ennemi, mais plutôt quelqu’un potentiellement de bien, dont tu veux le bien. J’essaie de voir chaque personne que je rencontre comme un être unique et sensible, qui mérite que je le traite bien.

Être bienveillant, c’est être ouvert à l’autre, à ses différences, à ses opinions.

Crédits photo : TanteTatie

Comment être bienveillant ?

D’abord, sois bienveillante avec toi-même.

Si tu te sens en paix avec toi-même, ce sera plus facile d’avoir des relations bienveillantes avec les autres.

Essaie d’être à l’écoute des autres. Pour fonctionner avec d’autres personnes, il faut les connaitre, savoir qui ils sont, ce dont ils ont besoin. Ne pas les juger a priori. Et aussi accepter que la personne peut changer, évoluer, qu’une action ne définit pas pour toujours une personne…

Essayer de se mettre à la place des autres, ça peut permettre de voir plus clair dans la chaine des causes d’une action.

Note de 2023 : comprendre que les émotions parlent des nos besoins humains fondamentaux de manière cachée et que chaque personne a une hiérarchie des besoins et des réalisations de ces besoins différentes, m’a tellement aidée pour être plus bienveillante avec moi-même puis avec les autres !

Ça ne veut pas dire que tu dois tout excuser en trouvant justement des excuses à tout. La bienveillance, ce n’est pas tout donner, tout accepter.
Mais c’est une forme de générosité, c’est proposer un regard où le jugement n’est pas premier pour tenter de voir ce qui peut faire fonctionner le monde un peu mieux (et de ma petite expérience, ce n’est pas souvent les réactions sous les coups de colère qui résolvent les problèmes).

Une autre façon d’avoir une attitude bienveillante, une attitude tournée vers la résolution des conflits, il me semble, c’est de passer à un discours du « je ». Au lieu de dire « tu m’énerves », « c’est inadmissible », « vous êtes pénible à parler si fort », « vous êtes irrespectueux », on peut essayer d’exprimer ses sentiments : « je suis énervée par… », « je suis fatiguée et j’ai du mal à supporter tout ce bruit ». Tu exprimes alors tes ressentis, au lieu de brandir un ton accusateur.

Non, ça ne fonctionne pas à chaque fois, bien-sûr, on peut très bien te répondre « je m’en fiche, c’est ton problème ». Mais une personne qui a une telle attitude n’aurait pas réagi beaucoup mieux à l’accusation, j’ai tendance à penser que ça aurait été pire ! Parce que oui, je dois dire que je n’aime pas particulièrement les conflits stériles…

Enfin, je crois qu’avoir la capacité de pardonner et de demander pardon est importante dans une approche bienveillante. Si l’autre est un être complexe, en droit d’évoluer, il a aussi le droit de se tromper. Et moi aussi, j’ai ce droit, je ne suis pas parfaite.
Et je crois que si on veut vivre en paix, on doit être capable de passer l’éponge et demander aux autres de le faire.

Il m’est arrivé de m’excuser suite à des situations où je ne me sentais pas coupable. Mais parce que ça me permet d’évoluer dans ma relation avec l’autre. Ce n’est pas s’écraser pour moi de dire « je suis désolée de t’avoir fait de la peine, de t’avoir mis en colère », c’est se mettre à la place de l’autre, même si j’ajoute qu’il me semblait que ce que j’ai fait ou dit me paraissait légitime (si c’était le cas). Je crois en l’ouverture du dialogue ainsi…

Est-ce une position tenable ? Pourquoi être bienveillant ?

Est-ce que je suis faible ? Est-ce que les gens n’abusent pas ce qui peut passer pour de la trop grande gentillesse ? Ça arrive parfois.

Peut-être que si je gueulais contre le voisin qui nous a reproché de faire du bruit (tu sais, celui du début de l’article), il me ficherait la paix… Mais en même temps, pour moi, la paix n’est pas dans la guerre froide…
Je n’ai pas vécu son reproche comme légitime, mais ça ne me coûte pas grand-chose de ne pas mettre d’huile sur le feu… Alors, oui, on a tendance à chuchoter quand on monte les escaliers.

Et puis, surtout, souvent, être bienveillant, j’ai l’impression  que ça m’apporte plus que ça ne me perd. J’ai l’impression qu’ainsi, je crée des relations bien plus riches, bien plus intéressantes. J’ai aussi l’impression que quand je fais preuve de bienveillance, ça peut créer de la bienveillance autour de moi.

Je vais te donner un exemple tout bête, tout simple. Je suis sur le quai de la gare en train d’attendre mon train. Le train arrive, une maman veut monter avec sa poussette, mais elle n’y arrive pas toute seule, je lui propose spontanément mon aide. Du coup, la grand-mère d’à côté me sourit, dit que c’est gentil et commence une conversation avec le papi assis près d’elle pour dire que c’est beau de voir les jeunes qui s’aident. Et j’ai fait sourire deux personnes ce jour-là, c’est déjà beaucoup… (Et on ne sait pas, peut-être même qu’ils vont tomber amoureux, se revoir, se marier et finir leurs vieux jours ensemble, tout ça grâce à ma petite action bienveillante… Euh, pardon, j’ai trop d’imagination !)

Ou si tu veux un exemple plus poussé : j’accueille des inconnus chez moi. Et parce que je leur ouvre ma maison sans craintes, en général, ils me le rendent au centuple par ce qu’ils m’apportent : du temps de qualité à parler ensemble, une recette à eux, une petite surprise de leur pays, le récit de leur voyage…

Bien-sûr, dans la vie de tous les jours, il m’arrive de rencontrer des personnes que je n’arrive pas à gérer, qui me semblent toxiques. Dans ce cas, j’essaie seulement de ne pas avoir trop affaire à elles. Dans une approche bienveillante, je me dis que si moi, je ne sais pas bien les prendre, d’autres le sauront peut-être, et que le plus important alors est de me protéger moi-même. (Rappelons le premier point de la liste « comment » au-dessus : être bienveillant avec soi-même d’abord !)

Bon, je te rassure, je n’arrive pas toujours à être bienveillante.

Un exemple au passage : si je suis crevée et qu’il y a plein de monde qui veut monter dans le même bus que moi et que les places assises sont limitées… Je vais alors avoir tendance plutôt à tenter d’être la première à rentrer pour m’asseoir, au lieu de regarder si quelqu’un a l’air d’avoir plus besoin d’une place que moi (mais pas de là à laisser debout une femme enceinte ou une personne âgée quand même, je te rassure…).
Ou alors, quand un de mes proches m’énerve à toujours me faire des remarques, je vais sortir les griffes avant de me dire « mais pourquoi se sent-il obligé de toujours me critiquer ? »

Mais j’essaie, chaque jour.

Parce que j’ai en tête la phrase de Gandhi : « Sois le changement que tu veux voir dans le monde« . Et je crois qu’il est urgent d’essayer de changer le monde.

Alors, je veux croire que la bienveillance appelle la bienveillance. Et que ça vaut le coup.

Ça te parle ? Qu’est-ce que tu en penses ? Si déjà la bienveillance avec toi-même est difficile, c’est normal que cela coûte avec les autres, mieux vivre tes émotions est un premier pas sur un chemin de bienveillance, je te propose de commencer par tester comment tu vis aujourd’hui tes émotions pour commencer.

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