Cet article a été publié pour la première fois en mai 2015, bien avant que j’offre l’exploration émotionnelle. J’ai décidé de republier ces chroniques sur ce site car elles sont précieuses pour moi, elles peuvent aussi inspirer d’autres futur·e·s marié·e·s. Et puis, il y a dans ces écrits-là déjà le partage de mon cheminement autour des émotions.
Je laisse donc la parole à Claire jeune mariée…
Voilà, j’ai fini de te raconter les festivités de mon mariage… Mais ce n’est pas encore l’heure de clôturer mon récit. Parce que je crois qu’il est important que je te raconte les jours d’après…
Bien-sûr, si j’étais dans un film hollywoodien, je m’arrêterais sur l’air de bulot sous cannabis, les papillons dans le cœur, les sourires jusqu’aux oreilles, tout ça, tout ça.
Comme si la vie s’arrêtait sur un nuage rose… Comme si on ne se mariait que pour jouer la princesse…
Crédits photo (creative commons) : Mike Mozart
La chance d’avoir vécu cet état de grâce
J’ai bien conscience d’avoir eu énormément de chance.
La chance d’avoir eu des proches qui se sont pris au jeu de notre mariage participatif, qui ont si bien géré, si bien aidé, qui se sont si bien investis.
La chance d’avoir été capable de totalement lâcher prise quand le grand jour est arrivé. D’avoir fait totalement confiance à ceux qui géraient, de m’être laissée porter. Et donc la chance de vivre pleinement la fête, de ne pas sentir la pluie, le froid, la faim, la douleur (de ma main notamment), la fatigue (et pourtant Dieu sait que j’en avais des heures de sommeil en retard)…
Et ce, malgré les imperfections (la pluie donc mais aussi la bougie symbole d’union qui ne s’allume pas, le hachis pas si réussi et le manque de la moitié des desserts…).
Parce qu’en fait, ce n’était que des détails ! Je me suis sentie tellement aimée, entourée, pleine d’espoir et de joie… Nous avons été choyés, au centre de la fête et des attentions, traités comme des prince et princesse. Ce n’est alors pas si compliqué de se retrouver comme sur un nuage rose !
De la difficulté de redescendre du nuage rose
Alors une fois la fête finie, je ne me suis pas dit « bon, allez, zou, c’est fini, maintenant il va falloir ranger ». Non, je me suis seulement dit « c’était tellement bien » et aussi « doooormiiiiiiir ».
Ce qui fait que, le dimanche soir, on a regardé les photos prises par les amis (avant de partir, tout le monde avait ordre de mettre les photos sur l’ordinateur de mon frère, j’ai un peu persécuté les gens mais qu’est-ce que j’étais contente d’avoir des images à regarder directement après). Puis, nous sommes allés nous coucher.
Le lendemain, lundi, je me suis retrouvée dans un état comateux, ma main a recommencé à me faire mal, j’avais des difficultés à tenir les yeux ouverts…
Deux amies sont venues donner un coup de main pour ranger. Nous nous sommes donc occupées de la chambre où ils étaient 10 à dormir le jeudi précédent. Mais j’avais encore la tête ailleurs (à me repasser les images de ce merveilleux weekend) et je n’ai pas pris vraiment conscience de ce qu’il restait à faire : toute la maison devait être nettoyée, les draps lavés, la déco rangée…
Nous repartions le mercredi.
Le mardi, on s’est encore levé tard et, l’après-midi, ma mère n’était pas là. Elle nous a laissé une liste de ce qu’elle voulait qu’on fasse. Elle avait été quelque peu agacée de mon comportement la veille mais je ne le savais pas encore… Mes parents, ma grand-mère, ma sœur avaient énormément fait les jours précédents, ils étaient eux aussi bien fatigués et, forcément, ils s’attendaient à ce que j’assume les conséquences de mes idées. Et pour compliquer encore la question du temps versus le nombre de choses à faire, j’avais pris rendez-vous chez le coiffeur pour me faire couper les cheveux !
Cet après-midi-là, je me mets donc sérieusement au boulot avec l’Amoureux. Mais nous sommes crevés… En plus, j’ai vraiment mal à la main (rappelle-toi, j’ai eu un méchant accident à J-10). La douleur qui m’a laissée en paix tout le weekend est revenue en force… Et il est fort possible que je commence à ressentir un coup de blues en réalisant que la fête est passée…
La crise
Du coup, quand ma mère rentre, nous n’avons pas tout fini…
J’ai failli m’énerver sur l’Amoureux qui, je trouve, ne prend pas assez d’initiatives, j’ai donc déjà pleuré de découragement… Et il y a certaines instructions de la liste de ma Maman que je n’ai pas comprises, je veux lui demander des précisions mais, elle, elle voit forcément plutôt qu’on n’a pas fait grand chose, qu’on va partir en laissant sa maison en bazar alors qu’on a presque rien fait la veille…
Je pense également qu’elle a eu un peu peur de l’arrivée du mercredi : que se passera-t-il une fois qu’on sera tous partis, quand la maison soudainement paraîtra bien vide ? Voilà, tous les ingrédients étaient réunis pour que ça clash…
Et, en effet, ça n’a pas raté.
Voilà, comment à J+3, je me suis retrouvée à faire une crise de panique / de nerfs / de pleurs… J’ai crié, chouiné, tremblé… C’était totalement incontrôlable. Je n’avais plus d’énergie, plus de capacité à penser de manière cohérente… Ce n’était pas beau à voir ! Ni à ressentir…
Et je crois que j’ai eu la plus grosse engueulade de ma vie avec ma mère.
Est-ce que j’aurais pu prévenir ça ? Oui, sans doute, si j’avais évalué le boulot à faire et planifié ce qu’il y avait à faire, j’aurai sans doute évité du stress à ma famille et à moi-même.
Mais est-ce que ça m’aurait épargné les larmes incontrôlées du lendemain de noces ? Je ne sais pas… À lire les témoignages de mariage, ça a l’air d’être une réaction normale.
Peut-être que prévoir un prestataire ménage aurait été une idée à creuser… Je pense aussi que si tu pars en voyage de noces directement après, tu évites de revenir à la trivialité si brusquement.
Mon conseil, en tout cas, c’est d’essayer de penser à l’avance aux jours d’après (qu’est-ce qu’il pourra y avoir à faire ? Qui sera là ? Comment on va gérer ?) pour éviter de prendre une trop grande claque.
Mais, rassure-toi, tout de même, on s’en remet hein. Et ça ne gâche pas la beauté de ce qu’on a vécu autour de cette célébration… (Oui, oui, si c’était à refaire, on referait tout pareil. Mais de ça, je t’en reparle bientôt…).
La parenthèse belge
Le mercredi, on est parti.
Et là, je me bénis VRAIMENT d’avoir pensé à réserver une chambre d’hôtes pour deux nuits dans les Ardennes belges. S’il avait fallu rentrer directement, je pense que je me serais effondrée dans le blues… Là, j’étais heureuse de me retrouver (enfin) seule avec mon Amoureux, de n’avoir rien à faire, à penser, à planifier. De pouvoir me reposer sans culpabiliser.
C’était une sorte de lune de miel (notre voyage de noces n’étant prévu que dans un futur lointain, le temps de trouver le temps et l’argent pour le faire)… C’était agréable !
La région était belle, la météo clémente et c’était calme et reposant… On a mangé, passé des heures au lit, pris des bains, on s’est promené, on s’est regardé dans les yeux en souriant niaisement en pensant au fait qu’on venait de se marier (hiii…), on a visité une région belle et totalement inconnue pour nous jusqu’alors.
Je t’aurais bien montré des photos sauf qu’on n’en a pas faites ! L’appareil photo était quelque part dans le grand bazar entassé dans la voiture et on n’a pas eu le courage de partir à sa recherche. D’un autre côté, comme ça, on a juste profité, simplement…
En tout cas, c’était vraiment vraiment un super moment et je ne peux que te conseiller, si tu en as l’occasion, de t’accorder une telle parenthèse après ton mariage pour te retrouver avec ton mari tout neuf et juste profiter ! Pas besoin que ce soit loin (pour nous, c’était sur le chemin du retour) mais hors du quotidien…
Le retour à la maison
Parce que, le retour à la maison, il y a des chances que ça te porte un petit coup supplémentaire…
En tout cas, pour nous, heureusement qu’on n’a pas vécu ça directement après le rangement parce que ça m’aurait achevée. La route du retour déjà nous a mis en condition : pluie battante et embouteillages autour de Bruxelles. Et puis, une fois à la maison, il faut tout sortir de la voiture et on découvre un mot de Belle-Maman : elle est passée arroser les plantes et a découvert des puces de parquet ! Donc (et c’est adorable), elle a tout rangé, nettoyé, traité mais, du coup, j’ai du mal à me retrouver « chez moi »…
Ajoutons à ça que nous n’avons pas de projet fixé pour l’avenir proche : au lendemain du mariage, l’Amoureux est toujours au chômage et, moi, j’avais décidé de ne pas renouveler mon contrat pour qu’on puisse ainsi tenter l’aventure dans un autre pays… Mais après avoir failli dire oui pour un poste en Lettonie, puis suivi mon intuition et refusé (juste avant le mariage – c’est dire si je n’ai pas cogité mille ans non plus), je n’ai pas vraiment de piste concrète…
C’était donc assez logique d’avoir ce sentiment anxiogène de « et maintenant ? »…
Mais heureusement, je suis quelqu’un de profondément positif et optimiste, alors rapidement, je me suis rappelée :
- que ce mariage n’était qu’un début,
- que ne pas savoir de quoi demain sera fait, c’est avoir un champ de possibles à explorer,
- que nous avons eu la chance de vivre une aventure merveilleuse (tu peux d’ailleurs relire mon bilan à chaud écrit fin août…) avec ces noces participatives,
- mais que la vie a encore plus d’imagination et qu’il y a encore mille histoires à vivre…
Et voilà, aujourd’hui, nous sommes dans cet après, dans la vie qui bouillonne, dans la chance pour moi de me lever chaque jour pour faire un travail (ou plutôt plusieurs) qui me plait, dans le bonheur chaque jour de se réveiller et de s’endormir à côté de la personne qu’on aime, qu’on a choisie, qui nous procure chaque jour des petits bonheurs, avec qui on imagine un futur toujours plus beau…
Les jours d’après, c’est avant tout la sensation que se marier est la plus belle décision que nous ayons prise ensemble. Finalement, je crois que, quelque part, je vis toujours sur un nuage rose… Et il est possible qu’on s’arrange pour y rester toute notre vie ! En tout cas, on va tout faire pour…
Et toi, qu’as-tu prévu pour les jours d’après ? Tu es déjà mariée, comment les as-tu vécus ? Raconte !
P.S : ceci n’est pas encore un article d’au revoir… Je reviens encore bientôt avec des articles réflexions et conseils. Parce que l’aventure du récit de mariage, je ne suis pas non plus pressée qu’elle finisse ! 😉