Cet article a été publié pour la première fois en novembre 2019. Bien avant d’offrir l’exploration émotionnelle, j’écrivais des chroniques sur le mariage pour un grand blog de mariage. J’ai décidé de republier ces chroniques sur ce site car elles sont précieuses pour moi, elles peuvent aussi inspirer d’autres futur·e·s marié·e·s. Et puis, il y a dans ces écrits-là déjà le partage de mon cheminement autour des émotions.
Je laisse donc la parole à Claire quand elle était mariée depuis 5 ans…
Pour récapituler, je me suis mariée il y a 5 ans, en 3 langues, deux pays, mode participatif et plans foireux inclus. Et j’ai tout raconté (ou presque) par ici.
Alors pourquoi revenir encore 5 ans après ?
Et bien, cet été, c’était donc nos noces de bois, et comme tout anniversaire important, j’aime bien regarder en arrière et voir le chemin parcours, m’interroger sur ce que cela signifie. Et je me suis dit que ça peut t’intéresser, toi qui prépares ton mariage aujourd’hui.
Cette fois, je ne te parlerais pas vraiment de mes jours de fêtes et de ce que je ferais différemment ou pareil.
Non, aujourd’hui, j’ai envie de te parler du Mariage avec un grand M. Tu sais l’engagement que tu vas prendre, le contrat contracté (légal, moral, symbolique, psychologique tout cela à la fois).
Ça fait donc 5 ans que j’ai dit oui à mon amoureux, 5 ans que nous sommes mariés et j’ai très envie de te raconter ce que ça signifie au quotidien aujourd’hui pour moi.
Carnet rose
Avant de rentrer dans les détails de ma réflexion quasi philosophique, je me dois de t’annoncer une jolie nouvelle : notre famille s’est agrandi.
Le 29 juillet, un petit garçon a rejoint notre famille. Un peu en avance à bien des égards (une nouvelle grossesse n’était pas prévue si tôt et il est arrivé aussi un mois avant le terme). Cela dit, ce grand chambardement joue dans ce que je vais te raconter après.
Crédits photo : Photo personnelle
Aujourd’hui, nous sommes fatigués mais heureux… Et bien sûr, il est déjà difficile d’imaginer comment c’était de ne pas être 4.
Nos 5 ans de mariage : 2 anniversaires pour une vie mouvementée
Le 14 juillet et le 2 août dernier, nous avons donc fêté nos deux dates de mariage. C’est cela que je vais commencer par te raconter parce que je trouve que c’est très représentatif…
Enceinte de 7,5 mois, avec une petite de 21 mois, nous n’avons pas visé grand pour notre anniversaire de mariage. Pour la première date, j’ai demandé à mes beaux-parents de garder notre fille, c’était un dimanche, parfait pour aller déjeuner quelque-part.
J’ai remis ma robe de mariage civil comme c’est la tradition tous les ans (et oui, même enceinte, je rentre dedans !), notre fille a pleuré quand nous l’avons laissée et ça nous a un peu peinés.
Ces jours-là, nous étions exténués (je ne vivais pas très bien la grossesse et ma fille n’a pas très bien vécu notre déménagement, son sommeil s’en ressentant et le nôtre aussi donc), il faisait froid mais nous avons quand même mangé en terrasse parce qu’il y avait des chauffages (ce n’est pas écolo et je suis tombée malade après…).
Le repas n’était pas à la hauteur de mes attentes – déjà qu’il y avait les 3/4 du menu que je ne pouvais pas manger…
Et puis, entre deux bouchées, nous nous sommes mis à parler de sentiments et de notre vie actuelle et l’amoureux a sorti deux bombes « en ce moment, j’aimerais parfois être ailleurs, en vacances seul, c’est lourd pour moi. Mais je reste là parce que j’en ai la responsabilité », et puis quand on parlait de nombre d’enfants « tu sais, je ne suis déjà pas sûr de vouloir ce deuxième ».
C’était dit gentiment, c’était juste honnête mais j’étais enceinte, moi-même pas sûre du tout du bonheur de la situation actuelle. Mais surtout ayant bien l’impression que moi, je n’avais pas le choix. Lui, il pouvait toujours partir et nous abandonner (pour quelques jours ou pour toujours) mais pas moi… Dans la tête d’une femme enceinte, pleine de fatigue et d’hormones, c’est l’explosion et j’ai passé une heure à pleurer après.
Et puis, nous avons voulu manger des poffertjes (espèces de mini crêpes hollandaises) mais l’endroit ne prenait pas la carte et le seul distributeur du village ne fonctionnait pas.
Nous avons fini par rentrer et faire une sieste car c’est la seule chose dont on semblait avoir besoin. Puis, nous sommes ressortis pour le goûter, manger des poffertjes avec notre fille finalement, et c’était assez chouette finalement.
Ça c’était notre 14 juillet, notre anniversaire de mariage civil.
Notre 2 août, rien n’était vraiment prévu. Et puis notre fils est né en avance, c’était donc dans la semaine de congé paternité de mon mari, mais aussi la semaine où nous avons une aide à domicile ici aux Pays-Bas et enfin un vendredi donc jour de crèche de notre puce.
Mes beaux-parents voulaient venir aider ce jour-là et mon mari a dit oui, sans réaliser la date, ni le fait qu’en général cette semaine-là, je n’avais pas très envie de voir du monde. Ça m’a fait pleurer (oui, je suis une madeleine, je pleure beaucoup…). Mais je lui ai dit et il a appelé et expliqué (et mes beaux-parents sont merveilleux, ils ont compris).
Nous avons donc profité à deux, une matinée tranquille (l’aide à domicile s’occupant des tâches domestiques et notre fils passant son temps à dormir), un repas gargantuesque à base de saucisson et de plateau de sushis géants et une sieste câlins. Et voilà, c’était doux, c’était bon et j’en garde un merveilleux souvenir. La vie était drôlement chouette en ce 2 août !
C’est quoi le mariage pour nous ?
Si je te raconte ça, ces histoires assez personnelles et pas forcément très flatteuses pour nous (non, je ne fais pas rêver avec un cadeau romantique reçu ou un voyage surprise), c’est parce que ces deux jours-là sont une belle représentation de ce qu’est le mariage à nos yeux.
Avoir des engagements, rester alors qu’on préférerait parfois partir.
Faire confiance en la vie à deux, être honnête, communiquer, dire quand cela ne va pas, même si ça blesse.
Faire face ensemble. Être là l’un pour l’autre.
Ne pas laisser passer les bonheurs même les petits.
Rester ensemble quoi qu’il arrive ?
Quand on se marie, on ne veut plus seulement dire « je t’aimerais aujourd’hui », on veut dire « je veux t’aimer demain, et tous les jours d’après », cultiver le jardin de notre amour pour qu’il continue de fleurir.
Autour de moi, des amis qui se sont mariés dans les mêmes années que nous divorcent.
Je me suis mariée à l’église catholique et j’ai donc voulu associer mariage avec toujours.
Mais bien sûr quand je vois les couples qui se séparent, que j’écoute les histoires, que je vois les souffrances, je sais que parfois ça ne marche pas, qu’on est souvent finalement mieux à ne plus conjuguer demain ensemble.
Nous parlions donc récemment avec l’amoureux de cette frontière entre rester même si c’est difficile et partir pour son bien.
Pas qu’on en soit là, loin de là. Pour être tout à fait honnête, en 5 ans, il n’y a pas un jour où je me suis dit que je serais mieux sans lui. Mais si ça nous arrivait. Que ferais-je ?
Le mariage ne doit pas tourner au sacrifice. Je pense qu’il faut beaucoup de courage pour partir mais que c’est aussi une preuve d’amour.
Amour pour soi, on se respecte en suivant ses sentiments. Amour pour l’autre aussi : si les sentiments d’origine ne sont plus là, peut-on vraiment être loyal au contrat qu’on a signé se basant dessus ?
Continuer à cultiver notre amour…
Mais je veux garder en tête que le mariage est un lien dont on doit prendre soin, qui demande chaque jour d’y travailler, mais que ça en vaut la peine tant qu’on a le sentiment que vieillir ensemble est une perspective attirante.
Pour m’auto-citer (nous ne sommes plus à ça près), « Je suis bien avec mon Amoureux. Et j’ai l’impression qu’à ses côtés, je suis quelqu’un de meilleur. Je suis capable de créer un avenir plus beau, plus ouvert. », et tant que j’aurais envie de cultiver cela, et lui aussi, nous serons fidèles à nos vœux, malgré les tempêtes et les difficultés de la vie.
Je suis mariée depuis 5 ans, ma vie n’est pas parfaite, et ni mon amoureux ni moi-même le sommes non plus, mais cinq ans de mariage que je regarde avec attachement, avec bonheur…
Crédits photo : Mamzelle Joe
Aujourd’hui, la bague que je porte à mon doigt a encore plus de sens que quand il me l’a passée. Elle dit la fidélité, l’amour, la tendresse qu’on se porte chaque jour d’année en année. Elle dit la famille que nous avons fondée et que nous portons ensemble. Elle dit les engagements que nous avons pris ensemble, les choix professionnels et d’organisation familiale qui nous concernent directement tous les deux, en cas de réussite ou d’échec. Elle dit les rires, les pleurs, les moments de fatigue et d’exaspération de l’autre et le fait qu’on se prenne toujours dans les bras. Elle dit que s’aimer et se chérir n’est pas une promesse seulement mais un acte quotidien pour aujourd’hui, pour demain et pour tous les jours de notre vie ensemble.
5 ans, c’est un bout de chemin et très peu à la fois. J’espère pouvoir dire les mêmes mots dans 10, 20, 30, 50 ans. On se donne rendez-vous ?
Et pour toi, ça veut dire quoi être mariée ? Raconte !