Si tu me suis sur Instagram, tu sais que je passe énormément de temps dehors avec mes enfants. Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente.
Crédit photo : Amandine Gimenez photographie
Cet été, nous sommes partis en itinérant à vélo. 310km avec mon vélo-cargo, deux enfants en bas-âge dont un chouchou avec un harnais, des bagages, des pépins, et beaucoup de pluie.
C’était un peu les vacances de la résilience. Parce que ce n’était pas notre plan de départ du tout (bonjour COVID), parce que pendant le périple, on a eu pas mal de moments où on s’est demandé « qu’allais-je faire dans cette galère ? »
Je vante beaucoup le grand air, la nature.
Et pourtant, je n’ai pas toujours eu cet élan de « promenons-nous dans les bois ».
Je ne connais pas le nom des plantes, des arbres, des animaux (et si j’essaie, je ne retiens pas !). Je ne suis pas du genre à regarder un champignon sous tous ces angles (ma fille et mon mari, oui cela dit). Et je n’aime pas vraiment le froid ou la pluie.
Et pourtant, dès que je peux, aujourd’hui, je file dehors avec mes enfants.
Mais pourquoi ?
Ce qu’apporte la nature aux enfants
Il y a quelques années, avant d’être maman, j’ai rencontré Aurélia Chevreul-Gaud qui m’a parlé de l’éducation par la nature.
Ce qu’elle m’a raconté m’a marquée, passionnée et j’ai voulu creuser. J’ai donc beaucoup lu sur la question.
Aurélia a depuis fait un Ted-talk qui reprend les principes dont elle m’avait parlé à l’époque :
C’est ce qui m’a poussée à essayer de sortir ma fille, puis mes deux enfants tous les jours et particulièrement dans la forêt puisqu’il y en a beaucoup autour de chez moi.
J’ai beaucoup fait des promenades avec mes bébés en écharpe qui pouvaient regarder les arbres. Je n’ai pas hésité à les poser dans les feuilles mortes ou dans l’herbe pour qu’ils touchent, découvrent, sentent…
Et puis, j’ai profité de la nature pour nous permettre ensemble de découvrir, créer, imaginer, explorer.
Faire des cabanes, construire des ponts sur la gadoue, chercher des champignons, toucher les différentes matières (la mousse douce, l’écorce qui gratte, les épines qui piquent…), s’inventer des mondes de pirate ou de restaurants (je mange beaucoup de gâteaux de sable avec des thés imaginaires), courir, sauter, grimper, trouver des petites bêtes et se demander comment elles vivent…
La solution facile : nous sommes mieux à l’extérieur
On me dit souvent « wahoo, tu es bien courageuse de sortir par tous les temps »
Sauf que je ne le ressens pas comme ça.
Bien sûr, parfois quand je vois la météo, ça me demande un effort de me sortir de ma maison, chaude et sèche. Et c’est souvent un moment long et difficile d’habiller les enfants, de ne rien oublier…
Mais mes loulous sont bien plus gérables dans la nature. Ils peuvent crier, courir, lancer, sauter, vivre avec toute l’énergie d’un-e enfant sans que cela empiète sur mon besoin de calme. Ils ne se disputent quasiment jamais à l’extérieur alors qu’à la maison, ils veulent souvent le même jouet.
Le temps passe plus vite, ils s’ennuient moins, ils me sollicitent moins. Ou je me sens moins ennuyée par les sollicitations : je préfère construire une cabane dans la forêt que jouer aux Duplo.
Réponses à mes besoins
J’ai profondément réalisé dernièrement à quel point cela me faisait du bien à moi aussi.
J’explique souvent en ateliers, que nos émotions désagréables, elles nous disent de nos besoins non-satisfaits.
Ces besoins dont on parle, en Communication Non Violente, ce ne sont jamais des actes concrets : faire une soirée entre amis, partir en vacances ou manger du chocolat. Ça, ce sont des envies qui traduisent de certains de nos besoins humains fondamentaux. Ce sont des réalisations possibles de besoins par exemple de compagnie, de partage, d’aventure, de réconfort…
Les besoins de tous les êtres humains sont les mêmes mais pas au même niveau, pas avec la même hiérarchisation et surtout avec des aspirations de réalisations, des stratégies pour y répondre qui peuvent énormément différer.
Lors de l’atelier d’exploration émotionnelle que j’ai animé il y a peu sur « ce que je ressens en temps de COVID« , j’ai pleinement réalisé pourquoi je me sentais si bien dans la nature, la lande, la gadoue ou à sauter dans les flaques avec mes enfants…
Mes enfants courent en toute liberté, je respire sans entrave, on croise quelques autres humains aux sourires non masqués, je ne pense pas à ce qui n’est pas faisable, ce à quoi on doit faire attention (comme ça peut être le cas si on va dans des endroits plus peuplés), la nature répond à mes besoins de liberté, de récréation, de jeu, de rire.
Ce ne sont pas forcément les réalisations que j’avais en tête pour ces besoins-là. C’est plus homéopathique que mes rêves d’aventures mais c’est déjà ça et en ce moment, c’est beaucoup.
C’est d’ailleurs ce qui nous a poussés aux vacances à vélo fin août malgré les potentiels plans foireux que cela implique l’itinérant à vélo, avec des petits, dans ce pays souvent humide. J’avais écrit dans mon carnet :
« Après un confinement, j’avais besoin d’extérieur, de nature, d’aventure. J’avais besoin de sentir l’été, de vivre avec le soleil, d’avoir chaud, d’avoir froid, de me déconnecter et de ralentir.
J’aurais bien voulu partir vivre pieds nus en nomade pour l’été dans un pays plus exotique mais ce n’était pas possible donc les vacances à vélo avec logements dans des campings me paraissaient répondre à cette aspiration-là. »
Je t’ai donné envie d’essayer ?
Si ça te tente, tu te demandes peut-être comment te lancer…
Trouve ta zone proximale d’aventures !
D’abord, il ne s’agit pas directement et forcément de courir au fin fond des bois patouiller dans la boue par temps humide et froid.
La nature, ça peut être un coin d’herbe au bord d’un chemin où proposer d’aller jouer quand il fait beau.
Ça peut être juste une promenade dans un parc où on cherche à trouver un petit animal : escargot, fourmi ou traces d’oiseaux… Ou simplement noter à quel point la nature est différente en fonction du temps, des saisons…
Dans cette même idée de sortir de ta zone de confort (de chez toi donc) mais pas trop, j’ai envie de te dire : n’insiste pas si ça bloque.
C’est rageant quand on s’est fait une idée d’un moment sympa en famille et puis que finalement, on rentre à la maison au bout de dix minutes car les enfants sont grognons, fatigués, pas intéressés.
Sauf que ce n’est pas en forçant qu’on fait aimer ! Si on ne les braque pas, ce sera possible de leur reproposer une autre fois et de s’ouvrir la possibilité d’une réaction positive.
Équipe-toi !
J’ai découvert que la pluie, c’était pas si horrible si elle ne ruisselle pas contre la peau ! Et puis, le froid, on peut s’en protéger aussi.
Il y a d’ailleurs une expression néerlandaise qui dit « il n’y a pas de mauvais temps, que des mauvais vêtements ! »
On s’adapte aux saisons et à la météo.
Je conseille les bottes en caoutchouc pour les jours de la fête à l’escargot, pour les adultes aussi (parce que la joie de sauter dans les flaques ensemble !).
Mais quand il fait vraiment froid, on a vite les orteils gelés donc ça peut valoir le coup d’investir dans des bottes fourrées.
Sinon, aux beaux jours, des chaussures confortables qui permettent de grimper sans glisser.
Cela dit, je me dois d’ajouter que marcher pieds nus, c’est une expérience sensorielle et motrice vraiment intéressante si vous osez !
Sinon, la combinaison pour les enfants, c’est la vie.
Celle de ski pour les jours de froid – oui, ça peut paraitre excessif mais à partir du moment où ils ne tiennent pas bien debout, leur atterrissage régulier au sol les refroidit vite.
Sinon, quand c’est un peu humide mais pas très froid, il existe des combinaison de pluie. Notre première était de la marque Regatta et rien à redire, mais maintenant, j’achète un peu n’importe quelle marque de seconde main (comme ils grandissent vite, ça ne fait que quelques mois).
Moi, je suis équipée en général d’un manteau long en laine qui vient de la marine et qui m’a sauvée de l’hiver néerlandais bien avant d’avoir des enfants. J’ai un pantalon de pluie et un K-way mais je ne les mets presque jamais, mon manteau bien chaud et mon béret me protègent déjà pas mal de la pluie. Par contre, je n’hésite pas à multiplier les couches pour être sure de ne pas avoir froid. Et j’ai des chaussettes achetées en magasin spécialisé en randonnée, elles sont chères mais chaudes et respirantes, le rêve.
Et mon dernier conseil tenue : prévoir du change et/ou de quoi réchauffer les enfants… Ça évite les déconvenues et ça permet de ne pas arrêter l’enfant dans une action de peur qu’il se mouille, se salisse.
J’ai toujours dans mon vélo-cargo :
- ma couverture de pluie doublée polaire, elle me permet de réchauffer les enfants pour le retour à vélo mais aussi de mettre sur eux le temps que je les change dans le froid et même de s’asseoir n’importe où sans être directement sur le sol humide et froid.
- Une serviette pour essuyer : les jeux, les mains, le petit caillou-trésor trouvé…
(Bon, en vrai, ça m’arrive aussi de partir à l’arrache, de me retrouver avec des enfants trempés et de les enrouler dans mon gilet pour qu’ils continuent de jouer sans attraper froid. Mais pour commencer, vaut mieux mettre toutes les chances de ton côté. )
Et si tout ça ne te fait vraiment pas envie ?
Attention, si ça ne te tente pas, ça ne veut pas dire que tu as un problème / que tu es un mauvais parent ! Nous faisons toutes et tous en fonction de ce qui nous aspire, nous parle. Nous répond à nos besoins à notre façon, on n’a pas tous les mêmes réalisations. L’important c’est ce qui parle à ton cœur… Ça ne veut pas dire qu’il faille être à fond pour essayer, parfois il faut tenter pour être convaincu-e. Mais vraiment, si ça te dit rien, ne te force pas.
Ma conclusion, c’est que ce qui est le plus beau dans tout ça, c’est de soi-même redécouvrir la joie de sauter dans les flaques, le plaisir de faire une cabane, la sérénité que le grand air peut m’apporter !
Alors, qu’est-ce que tu en dis ?
Si tu veux aller plus loin sur la question des enfants et de la nature :
- podscast de la Matrescence : laissons jouer les enfants dans la nature
- Affiche et article de bougribouillons : L’importance de la nature dans le développement de l’enfant
Et si tu veux creuser les liens entre émotions, besoins et réalisations : va vite découvrir mes ateliers !
J’adore l’expression « il n’y a pas de mauvais temps que des mauvais vêtements », que j’ai déjà lu être une expression allemande et scandinave. J’ajoute néerlandaise à la liste (mais certaines pas française).
Connais-tu le livre « Comment élever un enfant sauvage en ville » ? Rapide à lire, il montre tous les bienfaits de la nature (en citant ses sources). Comme l’impact d’une vue sur la nature en hôpital, mais aussi l’effet des arbres dans les cours d’école, etc. C’était pour moi très intéressant de voir que ce n’est pas un ressenti strictement personnel, mais quelque chose de plus grand, à tout âge.
Par contre où je vis actuellement, la nature est difficilement accessible (20 min de marche + 20 minutes de bus, on oublie le vélo, c’est en haut d’une colline). ça me manque tous ces lieux où j’ai habité où les champs, la forêt ou la plage était à moins de 20 minutes de marche ou vélo. En général nous y allions le matin avant tout autre chose.
Je connais le livre de nom pour l’avoir vu passé plusieurs fois mais je ne l’ai pas lu. J’avais aussi été impressionnée par les études montrant que c’était vraiment important pour tous.
J’espère que vous arrivez aussi à trouver de la nature en ville du coup. Je trouve déjà qu’une aire de jeux avec de la terre / herbe et des arbres, ça fait une grande différence !
Merci pour votre partage de vie et vos photos. J’aurai tant aimé vivre cela avec mes enfants. Je n’étais pas prête. Maintenant je le suis et ce sera avec d’autres enfants 🙂
Quand on voit vos photos, c’est sur que ça fait envie !
Personnellement, j’adore emmener les enfants dehors, je trouve comme toi que c’est plus facile de les occuper sans crise, mais mon mari déteste aller dehors, et seule avec les trois, je trouve parfois ça compliqué, surtout au moment où il faut rentrer à pied ou en vélo/draisienne (je n’ai hélas pas de vélo cargo, même si j’en rêve, mais ce ne serait pas pratique partout dans notre ville avec des rues étroites et des passages souterrains).
Heureusement, je ne travaille pas à temps plein, donc j’en profite un maximum quand je suis seule avec ma dernière. Mais je regrette que les grands passent souvent 4 jours par semaines quasiment sans mettre le nez dehors, surtout en ce moment avec le couvre-feux en France…
Je comprends bien pour seule avec les 3, je suis sortie à pied lundi avec mes loulous et franchement, une fois sur place, tout va bien mais alors sur la route, c’est compliqué.
Et j’espère que le couvre-feu sera levé bientôt pour que tout le monde puisse profiter des soirées de printemps…