Cet article a été publié pour la première fois en mai 2015, bien avant que j’offre l’exploration émotionnelle. J’ai décidé de republier ces chroniques sur ce site car elles sont précieuses pour moi, elles peuvent aussi inspirer d’autres futur·e·s marié·e·s. Et puis, il y a dans ces écrits-là déjà le partage de mon cheminement autour des émotions.
Je laisse donc la parole à Claire jeune mariée…
Aujourd’hui, j’ai envie de commencer mon article par un mea culpa.
Avant de me lancer dans cette grande aventure de préparation de jolies noces… Avant de lire plein de récits de préparatifs de mariage… Avant de vraiment m’interroger sur le sens de tout ça… Avant donc, j’ai dû dire plusieurs fois : « Mais comment peut-on dépenser autant pour une journée ! »
Ou si j’avais eu vent d’une pauvre future mariée qui se prenait la tête sur ce qui était pour moi des détails triviaux, j’aurais dit « mais franchement, elle ne peut pas penser qu’il y a bien plus grave que la couleur de nœuds de voiture ? »
C’était avant…
Ce que je croyais avant…
Bon, oui, bien sûr, nous avons essayé de faire des choix pour ne pas laisser toutes nos économies dans ce mariage. Il y avait une certaine limite dans ce qui nous paraissait acceptable…
Ce qui ne m’a pas empêchée de mettre 850 euros dans ma robe. (Je sais que ce n’est pas une somme folle pour une robe de mariée, mais pour moi qui achète 80% de mes vêtements de seconde main, ça me parait énorme…)
Ce qui ne nous a pas empêchés de faire exploser le budget prévisionnel en décidant finalement de prendre un photographe professionnel. Et un vidéaste professionnel.
Crédits photo : Mamzelle Joe
Et oui, bien sûr, je m’étais fixé un garde-fou : il s’agissait de toujours me rappeler qu’on ne voulait pas un mariage parfait. Pour éviter de me mettre une pression dingue sur du matériel, sur des détails, sur ce qui ne représentait qu’une journée, qu’un début. Mais ça ne m’a pas empêchée de m’arracher les cheveux pour savoir si vraiment j’avais fait le bon choix pour ma robe. Ou de faire une crise à ma maman quelques jours avant le mariage parce qu’elle avait mis des rubans avec le nom des marques dessus pour la sortie de l’église. Même si ça ne me plaisait pas, j’aurais aussi bien pu le dire avec un peu moins de drame et éviter d’être au bord des larmes…
Oui, mais je n’étais pas tout à fait dans mon état normal.
Ce que je réalise aujourd’hui…
Aujourd’hui, je sais que (même si l’important doit rester de se marier pour être marié) la manière dont on se marie, la manière dont on prépare cette journée (ou ces journées dans certains cas), ce que l’on y fait, tout cela, ce n’est pas anodin.
Il me semble que le mariage est un acte fondateur. Et donc comme tout acte fondateur, il s’apparente à un rite de passage.
Crédits photo : Mamzelle Joe
Bien sûr, tu as la possibilité de donner à cet acte fondateur différentes valeurs : de le voir comme la construction d’une famille, la promesse de l’amour éternel ou simplement un contrat de vie commun qui engage jusqu’à ce que l’on décide de le suspendre…
Mais le mariage garde dans tous les cas une valeur symbolique forte. C’est l’affirmation devant un public de la volonté de vivre et construire ensemble. Une affirmation devant témoins, devant tes proches, devant tes moins proches peut-être, devant Dieu si tu es croyante… Une affirmation devant la société en général puisque c’est un statut légal, reconnu. Il y a donc bien un changement important (même si ça ne se ressent pas forcément dans la vie quotidienne du couple).
En tant qu’acte fondateur, en tant qu’affirmation reconnue par la société, les noces sont associées à beaucoup de traditions. Pour les actes fondateurs, on se transmet des pratiques, un héritage de génération en génération. Traditions qui peuvent tenir à cœur à nos proches (ou moins proches), qui ont le sentiment que l’on doit se situer dans cet héritage en se mariant.
C’est pourquoi ce qui pouvait n’être que des détails à tes yeux peuvent devenir des symboles importants.
Je vais te raconter une anecdote très personnelle par rapport à mon mariage (et j’espère que mon papa ne m’en voudra pas d’en parler…)
Tu me connais un peu maintenant, j’ai un peu tendance à n’en faire qu’à ma tête… Et puis, j’ai toujours eu un petit côté rebelle. Enfin, je m’interroge beaucoup sur le sens des choses.
C’est comme ça que j’avais remis en cause l’idée d’entrer dans l’église au bras de mon papa. Je n’avais pas particulièrement envie de me situer dans un héritage du père qui donne sa fille au futur époux (en plus, je parle anglais au quotidien, et c’est littéralement le verbe donner qu’on utilise dans la langue de Shakespeare).
Je voulais bien être accompagnée pour cette belle entrée mais du coup, je m’étais dit : « Pourquoi pas avec mes deux parents, c’est bien entourée d’eux deux que j’ai grandi… » J’étais assez contente de mon idée, je dois dire. Je n’appliquais pas les traditions à la lettre, je réfléchissais aux choses, je m’élevais comme une femme libre de ses décisions.
Et puis, j’ai eu la réaction de mon papa qui ne l’a pas vu comme ça.
Non, pour lui, j’allais le priver de son moment privilégié. Je n’en avais pas conscience mais c’était important pour lui d’avoir notre moment à deux. Mon mariage était un acte fondateur pour lui aussi et il avait besoin d’avoir un moment rien qu’à lui avec sa petite fille. Et pourtant, je suis partie de la maison familiale à 19 ans. Et j’ai vite été indépendante (même si mes parents ont toujours été là quand j’en avais besoin… Comme je crois, ils le seront encore, chaque jour de leur vie).
Mais, en entendant le merveilleux discours de mon papa le jour du mariage, j’ai compris pleinement, parce qu’il l’a évoqué, l’importance de la symbolique du mariage pour lui : c’est le jour de mon mariage seulement, que je prenais vraiment le large à ses yeux. Alors oui, ce n’est pas forcément facile de « marier sa fille » (comme on dit… On peut ne pas aimer cette expression mais elle est révélatrice de l’importance de cet acte pour les parents en général) et oui, ça explique l’attachement accordé à certaines traditions…
Crédits photo : Mamzelle Joe
Voilà, c’est un peu comme ça aussi qu’on prend conscience que la manière dont on se marie a de l’importance par rapport à la valeur qui est donnée au mariage par chacun.
Et c’est un peu ça aussi qui t’arrive quand tu te mets à faire une crise parce que tes pompons sont mal pliés et que les serviettes ne sont pas de la bonne couleur et que personne ne veut chanter à ton mariage et que tu as l’impression que ce sera raté, d’abord, tu te demandes si tu ne vas pas partir à Las Vegas…
C’est parce que tu sais plus ou moins inconsciemment pendant tes préparatifs que cette journée va te marquer pour toujours. Que c’est un passage et que tu veux le réussir.
Entre nous, tu as bien conscience que ce n’est pas l’alignement de tes fanions qui va faire la différence.
Crédits photo : Mamzelle Joe
Cela dit, nos fanions étaient parfaitement cousus et alignés grâce aux doigts de fée de ma maman…
Non, ce qui va vraiment compté, c’est l’émotion de chacun. Mais ça, tu ne peux pas le contrôler… Alors bon, tu essaies de ne pas y penser et tu te focalises sur ce que tu peux changer et qui fera une mini différence…
Préparer les détails du jour J, c’est une façon de se préparer, de préparer son cœur à la fête, de penser ce passage. Cet acte fondateur commence à t’habiter… Et maintenant que je suis de l’autre côté, je peux aussi te dire que ce passage, il va être gravé en toi – que ça se passe bien ou pas d’ailleurs, je crois.
Alors, oui, c’est bien plus qu’une journée. Oui, je peux comprendre qu’on y dépense énormément de temps, d’argent et quelques crises pour avoir une fête conforme à l’attente que l’on a d’un moment si important.
De l’importance de se poser des questions !
Mais je crois aussi qu’il est important de démêler pourquoi on le fait. Est-ce que l’on fait ce choix pour que ça nous ressemble ? Pour faire plaisir à nos parents ? (Et même si j’ai tendance à n’en faire qu’à ma tête, je trouve que c’est une très jolie raison si ça ne va pas à l’encontre de la vision du couple. Nos parents sont importants dans notre histoire, ce qui est important pour eux mérite d’être étudié.) Ou le fait-on pour épater le monde ? Parce qu’on a besoin de prouver quelque chose aux autres ?
Il ne faut pas perdre de vue que cette fête est avant tout un acte fondateur pour nous en tant que couple. Et ne pas oublier que l’on se doit de se l’approprier sans trop de pression pour le vivre vraiment.
Crédits photo : Mamzelle Joe
C’est quand même triste d’avoir l’impression de passer à côté de ses noces.
C’est pourquoi je te souhaite de vivre à fond ce jour-là. Et je te promets, ce qui fait la journée belle, c’est avant tout l’émotion qui vous prend, qui vous entoure.
De l’importance de savourer l’avant et l’après
Tu sais, en néerlandais, y a deux très jolis mots. Un mot pour dire la joie de l’anticipation (voorpret). Cette joie que tu as de savoir qu’une grande fête vient. Et un autre (nagenieten) pour dire que l’on savoure de se souvenir des événements heureux passés.
Et je crois que c’est tout cela que je te souhaite. Pleurer, avoir un peu le trac, se prendre la tête un peu avant, et se poser des questions. Mais toujours se rappeler que tout ça, c’est pour tout ce que ça représente pour vous en tant que couple, et non pour les choses en elles-mêmes.
Regretter des petits détails, être un peu triste que ce soit fini après, mais surtout pouvoir se rappeler que c’était une journée merveilleuse, pour la belle union contractée.
Crédits photo : Mamzelle Joe
J’en profite pour te caser une photo de nos alliances. Je n’ai pas eu l’occasion de t’en parler mais elles nous ont très peu coûté (moins de cent euros pour les deux) car elles sont en argent ; et pourtant, elles nous sont très chères, nous ne les quittons pas, aimons profondément la symbolique des trois anneaux et les regardons toujours avec un doux sourire. Pour preuve, s’il le fallait encore, que ce n’est pas l’argent que tu dépenses qui rend quelque chose beau et précieux…
Le temps de te dire au revoir…
Voilà, je pense que je ne peux pas terminer mieux mon aventure de chroniqueuse mariage qu’en te souhaitant du bonheur. Du bonheur dans tes préparatifs, le jour J et tous les jours d’après… Surtout, surtout le bonheur d’être mariée !
Je dois t’avouer qu’après une soixantaine d’articles, et tes mille et un commentaires adorables, je me sens un peu chez moi ici (Note de 2023 : je fais référence au blog de mariage où les chroniques étaient publiées à l’origine). C’était une aventure merveilleuse que de partager mon mariage avec toi… J’ai limite les larmes aux yeux de te quitter. Mais il me faut laisser la place aux suivantes. Je suis tellement contente de suivre tous ces beaux mariages… De toutes façons, je reste dans le coin pour partager joies, peines et astuces en commentaires.
Et puis, je reviendrai peut-être te parler de notre voyage de noces en Combi VW en Californie (toujours pas planifié mais qu’on finira par faire, tant pis si c’est plutôt un voyage d’anniversaire de noces). Ou faire un article bilan pour nos anniversaires de mariage… On verra…
Dans tous les cas, je t’embrasse (oui, oui, je me permets, on se connait bien depuis le temps !) et te souhaite encore une fois, tout le bonheur du monde…
(J’étais obligée de mettre cette chanson… Nos proches nous l’ont chantée pendant le repas et ça me met les larmes aux yeux de la ré-écouter !)
Et toi, qu’est-ce que tu en penses de ma réflexion sur la symbolique ? Est-ce que tu te reconnais sur la prise de tête à propos des petits détails avant ? Tu ressens le mariage comme un rite de passage ?