Mon mariage participatif et trilingue : un bilan ?

Cet article a été publié pour la première fois en mai 2015, bien avant que j’offre l’exploration émotionnelle. J’ai décidé de republier ces chroniques sur ce site car elles sont précieuses pour moi, elles peuvent aussi inspirer d’autres futur·e·s marié·e·s. Et puis, il y a dans ces écrits-là déjà le partage de mon cheminement autour des émotions.

Je laisse donc la parole à Claire jeune mariée…

Bon, après t’avoir raconté en long, en large et en travers mon mariage, je me dis que ce serait bien d’avoir un article synthétique pour savoir quel bilan j’en tire. Comme je l’avais fait pour notre mariage civil.

Bien sûr, j’avais déjà un peu fait une synthèse de ce que je garde de tout ça juste après. Mais c’était à chaud. Aujourd’hui, ça fait neuf mois que je suis mariée (quoi, déjà ???), c’est donc plus facile d’avoir du recul.

Le bilan financier impossible

Tu es peut-être curieuse de savoir combien ça nous coûté toute cette histoire.

Et ben, je vais malheureusement être incapable de te le dire. Nous avons acheté tellement de petites choses, à tellement de moments différents… (Il est très dur de dire combien, par exemple, nous a coûté le repas !). Nos parents ont aussi beaucoup beaucoup participé. Et j’ai rapidement cessé de noter.

On s’était dit, avant le mariage, qu’on aimerait que cette histoire (mariage civil + mariage religieux) ne nous coûte pas plus de 10 000 €. En évaluant les coûts potentiels au départ, on avait un budget prévisionnel de 6 / 7 000 €. Il a évolué. Le mariage civil a pris plus de proportions que prévues.

J’avais prévu 800 € maximum pour ma tenue complète de mariage religieux et, finalement, ce n’était que le prix de ma robe.

Photo de mariée sur les plages de Normandie / Photo : Mamzelle Joe

Crédits photo : Mamzelle Joe

(Mais qu’est-ce qu’elle est belle ma robe !)

Les postes photographe et vidéaste n’étaient pas dans le budget prévisionnel.

Mais nos parents ont aussi participé plus que prévu (on n’avait rien prévu de ce côté-là et ils ont pris en charge certaines dépenses parce qu’ils s’en sont occupés).

Et puis je crois qu’on a aussi dépensé moins que prévu sur la déco et le repas.

Je pense donc que la célébration de nos noces en deux temps nous a bien coûté dans les 10 000 € au final. (Mais sans compter ce que nos proches ont dépensé pour nous).

En général, je trouve qu’on a bien géré :

  • On s’est fait plaisir sur ce qui nous tenait à cœur : j’ai eu mon vidéaste, ma robe de princesse, l’Amoureux s’est lâché sur ses deux paires de chaussures.
  • On a trouvé des bons compromis à nos envies chères : on voulait un domaine avec du caractère, un cachet normand et des chambres, on a réussi à trouver un endroit moins grand que ce dont on rêvait à la base mais qui correspondait sinon aux critères.
  • On a trouvé des bons plans pour ne pas dépenser trop sur les points qui n’étaient pas prioritaires pour nous (la décoration par exemple).

On a eu la chance d’avoir une situation financière qui nous a permis de craquer sur certains points, et on n’a pas eu à compter chaque euro dépensé.

Après, notre budget n’était pas extensible à l’infini non plus et surtout, nous n’étions pas à l’aise de dépenser trop d’argent pour ça (j’aurai eu l’impression qu’on « mangeait » nos projets d’avenir).

Bien sûr que si j’avais été riche, j’aurai craqué sur d’autres trucs : j’aurais pris mon photographe pour la soirée et le mariage civil aussi, j’aurais loué un super domaine (genre celui-là, qui coûte juste le budget prévisionnel de notre mariage quoi) pour une semaine et puis quelqu’un pour le nettoyage après… (ben, parce que l’après, ce n’est pas fun).

Mais, dans l’esprit, non, je crois que je n’aurais pas changé beaucoup de choses. Notre mariage était tellement nous, tellement ce qu’on voulait…

A-t-on respecté l’idée de départ ?

Le déclic de départ, c’est le mariage de Claire et Pierre sur le blog The Bride next door (note de 2023 : plus en ligne actuellement). Quand j’ai découvert ce mariage et que j’en ai parlé à l’Amoureux, ce fut une révélation. Avant, on parlait de se marier. À partir de ce moment, on a parlé de notre mariage.

Le 21 mai 2012 (wahoo, ça fait déjà 3 ans !), je commentais cet article en disant :

« Avec mon cher et tendre, nous parlons de nous marier… Et ce qui l’effraie le plus, je crois, ce sont les convenances qu’on croit devoir respecter… Je lui ai montré les photos et expliquer le mariage (il est néerlandais et son français n’est pas encore parfait), il a trouvé ça incroyable et génial !
On s’est rencontré à une soirée « auberge espagnole » de couchsurfing, on passe notre temps à organiser des pot luck diner / pot luck high tea ; c’est comme si l’idée du repas était faite pour nous… et pourtant, je n’y avais pas pensé plus tôt…
Maintenant, on se prend à rêver de quelques jours à nous, avec tous les gens qu’on aime, nos trois langues, un feu de camps, une balançoire géante et la participation de chacun… »

Alors, il n’y a pas eu un feu de camp, trop compliqué de trouver un lieu qui les autorise. Le jardin de la salle n’avait pas de branche assez grosse pour accueillir ma balançoire et, lors de la séance photo, je n’ai pas profité des jeux de plage où j’aurai pu faire voler ma robe de mariée – mais bon, pas sûre que ça l’aurait fait avec ma robe de princesse et mon voile de 4 mètres…

Mais l’essentiel était là : c’était gai, c’était joyeux, c’était convivial (gezellig !), c’était participatif. C’était plein d’amour…

Crédits photo : Mamzelle Joe

Alors qu’est-ce que je referais sans hésiter ?

  • Proposer à chacun de s’investir suivant ses envies et ses moyens. Beaucoup, beaucoup de jolies surprises, de moments précieux et de souvenirs inestimables sont la conséquence de cette orientation participative.
  • Un peu dans la même veine mais très très important de le signaler : faire confiance. Confiance en ceux à qui je déléguais des morceaux entiers de préparation. Confiance en la réussite du jour J quels que soient les couacs. Confiance en la vie qui a toujours beaucoup plus d’imagination que nous qui a réussi à m’apporter encore une fois beaucoup plus que je n’attendais (et pourtant, ce n’était pas faute de l’avoir rêvé ce mariage).
  • Ne pas céder sur l’idée d’un petit mariage intimiste et d’une soirée entre amis, ça a fait grincer des dents et provoquer des mini drames mais on a tellement adoré notre fête ainsi ! Aucun regret de ce côté-là donc !
  • Passer tant de temps à préparer notre cérémonie religieuse. J’ai le cœur tout retourné à chaque fois que j´y repense…

Crédits photo : Mamzelle Joe

Et qu’est-ce que je ferais différemment ?

Alors, là, c’est plus dur pour moi. Parce que je suis quelqu’un de très optimiste et positive et j’ai beaucoup de mal à regretter quelque chose.

Je pourrais ici mettre beaucoup de choses par rapport aux couacs : je n’utiliserais pas de cutter à 10 jours de mon mariage, je m’organiserais mieux pour ne pas oublier les gâteaux, je demanderais à ce qu’on teste le cierge pour le rituel de l’union avant, je donnerais des indications de temps à ne pas dépasser pour les animations

Mais en fait, aujourd’hui, je me dis que ce ne sont que des détails. Que notre mariage n’aurait pas été notre mariage s’il n’y avait pas eu quelques plans foireux et un certain nombre de trucs qui ne se passent pas comme prévu. Si ça a pu me peiner un peu une fois le mariage passé, aujourd’hui j’en ris presque !

On a eu le mariage imparfait dont on rêvait. Plus beau même que ce qu’on pouvait imaginer…

Mais bon, allez, je me force un peu pour te trouver quelques trucs que je ferais différemment avec un peu de recul.

  • On se passerait de blog de mariage. Je me suis beaucoup amusée à écrire les textes, l’amoureux, lui, a trouvé ça beaucoup moins cool de les traduire en néerlandais. Il y a littéralement passé des heures.
    Et très peu de personnes sont allées lire notre prose…
  • Je me prendrais moins la tête à me demander si je pouvais faire telle ou telle chose pour notre mariage « simple et participatif ».
    Je me suis torturée pendant plusieurs mois à savoir si j’avais le droit de porter une robe de princesse alors que je faisais un mariage sans plan de table et avec un buffet dans une ferme. Comme si la robe de princesse devait forcément aller avec le château, les chapeaux, le repas servi à l’assiette. Comme si une brigade allait arriver et me dire « non, non, Mademoiselle Madame [je n’arrive pas à m’y faire], la traine et le voile de 4 mètres, vous n’y avez pas le droit ».

Crédits photo : Mamzelle Joe

J’avais aussi peur que mes invités se disent : « quoi, elle nous fait faire la bouffe et elle se paye un vidéaste, elle se moque de nous ! Pour qui se prend-elle ??? » Je me suis aussi demandé si acheter des produits tous prêts comme la pièce-montée n’était pas une aberration pour mon mariage participatif. N’importe quoi. Comme si le concept était déposé !

Bref, si c’était à refaire, je ne douterais pas de mes idées sous prétexte de rentrer ou non dans une case. Nous sommes nous : complexes et nuancés, pas toujours conséquents ou logiques ; notre mariage peut tout à fait être à cette image !

Et les proches le jour J ont (généralement) l’esprit à l’amour et à la fête et ne sont pas là pour juger.

  • Je ferais un discours pour remercier tout le monde. J’avais prévu de le faire et puis il est passé à la trappe. Je n’ai rien préparé et, le jour J, je n’y ai pas pensé.
    Je regrette de ne pas leur avoir dire à tous « merci du fond du cœur »… pour tout ce qu’ils ont fait pour nous, pour que cette fête ait lieu comme on en rêvait. Je regrette de ne pas avoir pu dire en néerlandais à la famille, les amis de l’Amoureux que même si j’ai un accent pourri, que je parle leur langue comme une gamine de 5 ans, je suis heureuse qu’ils m’aient acceptée comme je suis. Je dirais à ma famille, mes amis, mon Amoureux, qu’encore une fois, je me sens tellement reconnaissante qu’ils me soutiennent dans mes folles idées…
    Ce genre de choses. Et je me mettrais à pleurer sans doute.

J’aurai aimé aussi prendre plus nos proches dans mes bras, me soucier plus de savoir si ça va, s’ils manquent de rien (c’est bien de profiter de cette journée mais pas que…), dire aux gens qui ne sont venus qu’à l’église « merci d’être venus » (j’étais incapable de dire quoi que ce soit à ce moment-là), j’aurais aimé pouvoir profiter de chacun encore plus (et pourtant, on n’était pas si nombreux)…

Crédits photo : Mamzelle Joe

Mais, heureusement, le mariage n’est pas le seul moment d’une vie où on peut dire « je t’aime ». Et on espère bien avoir d’autres fêtes pour réunir nos proches !

Non, vraiment, je ne suis pas bonne pour les regrets !

Alors un dernier point super positif pour la route.

Le bonheur de mettre des mots sur cette aventure

Si c’était à refaire, je représenterais ma candidature pour être chroniqueuse sur ce grand blog de mariage (note de 2023 : ces chroniques étaient publiées sur le site Mademoiselle Dentelle à leur sortie) et plutôt deux fois qu’une !

Parce que ça me donne l’occasion de prendre la plume pour parler d’un sujet que j’adore, parce que ça m’a fait rencontrer des filles formidables (team Dentelle, you rock <3), parce que c’est merveilleux de lire tes commentaires si bienveillants (lectrice Dentelle, tu rockes aussi. Grave !), parce que c’est un élan pour me lancer professionnellement dans la rédaction, parce que ça m’apporte encore plus que tout ce que j’aurais pu imaginer…

Mais, au-delà de ça, je suis profondément heureuse d’avoir posé des mots sur cette aventure. Avoir dû raconter les préparatifs puis le jour J fut l’occasion de faire un retour sur la manière dont je l’ai vécu, d’y songer de manière ordonnée, de relativiser parfois.

Et puis ces écrits sont aussi précieux pour les souvenirs, mais ça je t’en reparle la prochaine fois (oui, non, ce n’est pas encore un article au revoir, j’aime vraiment bien squatter par ici !)…

Et toi, tu es mariée, qu’est-ce que tu referais sans hésiter et qu’est-ce que tu changerais ? Raconte !

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